Thibaut et Irfane nous disent tout sur le deuxième album de Breakbot.
C’est dans les locaux du label Because que Thibaut Berland et Irfane nous ont donné rendez-vous pour parler de leur nouvel album Still Waters. Allure décontractée, les cheveux carrément décoiffés, les deux visages du group se taquinent sans jamais se lasser. Still Waters, est le second album de Breakbot dont certains morceaux ont été pensés et écrits alors qu’ils se trouvaient encore sur la tournée de By Your Side. Quatre ans après toujours vêtu de nonchalance et de gaîté, Breakbot lève le voile sur son nouveau projet musical.
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Où avez-vous enregistré votre album ?
Thibaut – On a commencé à le faire un peu sur la route, parce qu’on était en tournée pour le premier disque. Après on s’est posé pas mal chez moi pour le continuer et la troisième étape était de le finir chez mon frère qui a un studio dans le 13ème. Il y a trois temps de créations dans le disque. Le premier où on était plus à mettre en place des petites idées à droite à gauche. Irfane enregistrait des « voice notes », moi j’enregistrais des petites boucles sur mon ordi. Après, on a commencé à faire des morceaux chez moi, et on a pris soin de bien les terminer chez mon frère, qui a mixé le disque et qui a rajouté pas mal d’arrangements . Il a été, le troisième homme sur ce projet.
Irfane– L’homme de l’ombre.
Vous avez passé plus de temps en studio, chez toi ou en tournée ?
Irfane – On a passé une plus longue période à écrire des morceaux jusqu’ à avoir un groupe de sept à huit chansons. Ça nous a pris à peu près un an. En terme de fréquentation, on allait au studio presque tous les jours, sur la fin. Il y a eu aussi une période de deux mois où on allait chez son frère deux à trois fois par semaine. Sur la longueur on a passé plus de temps à écrire les chansons, mais on s’est vraiment focalisé vers la fin de l’album. C’était du travail intense.
Thibaut Deux mois et demi.
C’est un album assez intime, comment le décririez-vous ?
Irfane – Effectivement, je trouve qu’il y a ce côté vraiment très intime parce que c’est un truc qui nous ressemble vraiment donc, il y a de la sincérité. Des sujets sur les histoires d’amour et les quêtes personnelles dont on s’inspire pour essayer de faire des choses un peu plus universelles.
Thibaut – Je pense qu’on passe tous par des phases différentes. Ça nous arrive à tous d’être très heureux à certains moments, j’imagine, et de l’être moins à d’autres. On fait de la musique tous les jours, donc les morceaux reflètent les émotions qu’on a à ces moments là. Il y a des moments où on a envie de danser, de sauter partout dans la pièce et puis d’autres où on a un peu plus de soucis.
Parleriez-vous de rupture avec le premier album (By Your Side) ? On sent une grande inspiration des seventies et eighties sur Still Waters. D’un point de vue instrumental il y a des grosses lignes de basse , même si les claviers restent toujours présents. Qu’est-ce qui vous a réellement inspiré ?
Thibaut – En fait, c’est un peu toute notre culture musicale, donc c’est vrai. On arrive à un âge où on a quand même écouté pas mal de choses. Il y a beaucoup de choses qu’on aime, ça peut aller du funk au disco en passant par la musique californienne. Il y a des trucs plus psychédéliques qui nous intéressent, on a écouté énormément de rap aussi. Pour nous deux, il y a beaucoup d’éléments du funk qu’on a découvert par le biais du rap. On a écouté des samples, des djs qu’on aimait bien dans les années 90. En fait, je pense que ce disque est un peu le reflet de toutes nos influences.
Irfane – Après pour en revenir au côté « seventie »s dont tu parles, effectivement il y a pleins de basses jouées sur le disque donc il y a un côté un peu plus « live ».
Thibaut – Il y en a la moitié qui sont jouées sur une basse, et l’autre sur un synthé. Ça rajoute de la vie. Le premier album avait été fait principalement avec des plugins sur un ordinateur portable, donc très très peu de matériel, c’était vraiment avec les moyens du bord. Un ordi et un clavier midi. Là, on a voulu passer un step au niveau du son, du coup on a beaucoup travaillé avec des vrais instruments, de vrais synthés, de vraies basses, et de vraies guitares. Et de vrais êtres humains avec un cœur qui bat. C’est vrai aussi qu’on a réussi à dépasser le step que je voulais, c’est-à-dire avoir un album un peu plus chaleureux, organique au niveau du son. Un peu plus sexy.
Donc pour la tournée, on oublie la première et on sort le grand jeu avec de « vrais humains » ?
Thibaut – Effectivement on est train de bosser à fond là-dessus. La première tournée (By Your Side) commençait plus sous le signe du dj set que du « vrai live » et on a plus ou moins tendu vers le live sur la fin. On a rajouté des musiciens : un bassiste et un guitariste qui sont venus jouer sur quelques morceaux. Et là on fait jouer par un groupe quasiment tous les morceaux. Moi, je vais jouer du clavier, Irfane va chanter, on a engagé un batteur, un bassiste et un guitariste, on a une chanteuse aussi qui est sur le disque, qui viendra avec nous, donc on sera six sur scène. Il y aura toujours la composante un peu dj mais, on a l’ambition de jouer les deux albums en un vrai show.
Tu viens de mentionner la présence d’une chanteuse, son nom ?
Thibaut – Yasmin (Dj résidente de Rinse FM – Londres).
Il y a une deuxième chanteuse également, non ?
Thibaut – Ouais.
Irfane – C’est ma copine Sarah, qui chante sur Turning Around et Back For More.
Comment est née cette collaboration avec Yasmin ? On sait qu’elle t’a déjà invité, Irfane, à jouer sur certains de ses sets.
Thibaut – On la rencontré à Hong-Kong, un peu de manière fortuite. On était dans le même festival. On s’est retrouvé à côté de Pharrell. Il faisait son concert et on était sur le côté, donc on a commencé à parler puis en fait, on s’est rendu compte qu’elle chantait aussi et qu’elle voulait travailler avec nous. Et un jour j’ai écouté la reprise qu’elle avait faite de Whitney Houston et j’étais un peu subjugué par son talent vocal. Du coup c’est devenu évident… Je voulais travailler avec elle. Et puis on a fait trois morceaux sur le disque et peut être plus si affinité…
C’était important pour vous d’avoir des voix féminines sur cet album ?
Thibaut – Ouais ! Sur le premier disque il n’y avait que des garçons, certes ils chantaient tous comme des femmes (Rires). Mais, j’avais cette volonté d’ouvrir un peu le champ des voix. Du coup, c’est venu assez naturellement. Quand on a écouté cette voix (Yasmin) ça nous est paru évident qu’on allait bosser ensemble.
Pour en revenir à 2Good4me, le son trip-hop, R&B, pourquoi ce « décalage », cette différence…
Thibaut – C’était un peu ça l’idée, on a beaucoup de morceaux downtempo et on a quand même pas mal de chansons qui se ressemblent, même sur le premier disque. Du coup c’était cette volonté, effectivement, de faire des creux dans les vagues et de faire en sorte qu’on soit pas toujours dans le redite. Pour nous, ça semblait si différent du reste. Je pense que le public a été surpris de ce choix pour le single mais nous, on a l’impression de faire la même chose. On retrouve la ligne de basse qui est assez chaude, on retrouve aussi la voix d’Irfane qui est toujours aussi sensuelle et sexy. Il y a toujours des petits synthés, qui sont comme tu disais trip-hop, new school et qui sont peut-être un peu plus psychédélique, mais dans notre tête… Comme on le disait par rapport à notre culture, le rap, le R&B, le funk, le disco etc. c’est des trucs qui sont tellement liés qu’on n’a pas l’impression de trahir notre public quand on fait une incartade. Après peut-être qu’on n’est pas encore les meilleurs beatmakers de R&B.
Irfane – Le but n’est pas d’être les meilleurs beatmakers de R&B mais de montrer qu’on l’a fait avec sincérité.
Thibaut – On n’a pas du tout essayé d’élargir notre public, mais de le faire avec la sincérité la plus totale, parce qu’on aime aussi bien tous les deux le R&B récent que celui des 90’s. C’est notre petite relecture de cette influence là.
Donc le regard du public, la réception de votre musique est vraiment important pour vous ?
Thibaut – On fait de la musique pour se faire plaisir avant tout, c’est clair qu’on fait ça carrément pour s’amuser et qu’on ne saurait pas faire grand-chose d’autre pour tout t’avouer. Mais, par contre, la réaction du public reste quand même super importante pour nous. On vit dans un monde de partage et on ne peut exister que s’il y a une réaction positive.
Irfane – C’est un peu pour ça qu’on fait ça, pour faire danser les gens quand on mixe, pour que les gens s’amusent quand on fait des concerts. C’est aussi ça, donc la réaction du public est vitale. Après, le but comme Thibaut l’a dit, n’est pas de remplir des stades, mais de satisfaire les gens qui nous connaissent déjà et si on a la chance d’en toucher d’autres, c’est mortel. C’est aussi le but du jeu, satisfaire les fans de la première heure pour pas qu’ils se sentent comme si on les avait laissés sur une aire d’autoroute.
Thibaut – C’est une belle image ça.
Vos morceaux préférés sur Still Waters ?
Thibaut – C’est dur de choisir, moi j’aurai tendance à dire ceux chantés par Yasmin (en regardant Irfane d’un air moqueur) ! Non je plaisante, c’est une blague.
Irfane – Elle est bonne celle-là !
Thibaut – Je dirais Back for more, Too soon et peut être… Non en fait j’aime tous les morceaux qu’on a fait, si on les sort et qu’on les défend c’est bien qu’on les aime un petit peu. Pour l’instant c’est dur de se rendre compte de leur qualité parce qu’on n’a pas beaucoup de recul et à la limite on s’en fout. J’ai l’impression qu’on les aime tous, c’est un peu nos petits bébés.
Irfane – Une famille de treize petits bébés.
Thibaut – Il y en a qui sont un peu à la traine, il faut leur mettre des petites claques le matin.
Lesquels ?
Thibaut On ne va pas citer de noms sinon ils vont être vexés.
Irfane – Ce qui est assez étonnant, quand on demande l’avis de nos amis et de nos paires, c’est qu’il y a des choses qui reviennent. Mais, il y a une chanson qui s’appelle Turning Around sur laquelle chante Sarah, qui a vraiment été le petit coup de cœur des amis.
Thibaut – Plein de copains sont aussi à fond sur 2Good4Me. J’ai l’impression que dans l’ensemble les morceaux sont assez différents.
Irfane – My Toy elle tue. Elle a ce truc – on croise les doigts pour que ça soit lu comme ça – tellement accessible et en même temps tellement… t’es obligé de te déhancher. Elle reste dans la tête.
On peut dire que My Toy est le morceau de l’album pour danser et 2Good4Me, est le morceau de lover, un peu plus posé, doux ?
Thibaut – Exactement.
Irfane – Lover posé ! J’aime bien cette image.
Thibaut – Ça pourrait être un nom de groupe un peu comme Poetic Lover.
On ne sait jamais, le second album est souvent délicat à réaliser, il y a souvent cette attente des médias et du public qui peut être source de pression.
Thibaut – Pour l’instant l’album n’est pas encore vraiment sorti mais j’avoue qu’on trépigne un peu d’impatience. On a masterisé le disque au mois de juillet.
Irfane – Il y a une excitation de partage et une appréhension à cause de la réception. Un mélange quoi.
Thibaut – C’est un peu comme avoir un premier rendez-vous avec quelqu’un. A la fois on est super excité et à la fois on a vachement peur que ça se passe mal. Ça donne un peu la boule au ventre, on a des sueurs froides et en même temps, on a vachement envie d’y aller.
Sortie de l’album Still Waters le 5 février
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