Une nouvelle addiction hip-hop venue tout droit de Vancouver, avec un léger détour par Atlanta.
Un nom de scène échappé d’une vielle cartouche de Sega Mega Drive, une signature sur l’excellent mais trop discret label Awful Records et un premier album publié en sous-marin l’été dernier. Sans faire trop de bruit, Tommy Genesis a profité de 2015 pour se faire connaître des amateurs de hip-hop. Guidée par son charisme naturel et une cohérence évidente entre l’image et le son du projet qu’elle mène depuis une grosse paire d’années, la rappeuse de Vancouver semble bien partie pour éterniser la sensation de fraîcheur qui a accompagné la sortie de son premier disque. Il suffit d’ailleurs de cliquer sur le clip du morceau Execute pour capter toute la modernité du ton et des séquences rappées par TG. Avec une dédicace subliminale à Kanye West balancée au détour des couplets.
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Sadomasochisme, T-shirts de metal et clips contemplatifs
Repérée sur Internet par Father, rappeur et producteur de la team Awful, Tommy Genesis n’a pas tardé à sortir un premier album sur le label d’Atlanta quelques semaines après sa signature. Un disque inégal qui apporte une rupture assez brutale au classicisme hip-hop des débuts de la jeune artiste canadienne.
Sur World Vision (qui s’écoute en intégralité sur Bandcamp), Tommy Genesis s’amuse à semer des paroles provocatrices dont l’essentiel des thématiques tangue entre le caractère exceptionnel de sa personnalité, un goût décomplexé pour le sadomasochisme et des souvenirs de baise encore plus lubriques que le regard de Guy Montagné. Une posture assumée dans les colonnes de Dazed en début d’année :
« D »une certaine manière, j’ai toujours vécu à l’intérieur de mon imagination. Quand j’étais très jeune, je m’enfermais dans ma chambre pour dessiner, peindre, chanter et me masturber. Je me souviens qu’à l’école je dessinais des scènes sadomasochistes ultra réalistes et j’étais plutôt douée. Je dirais que ma créativité a toujours été influencée par mon rapport intense à la sexualité. »
https://www.instagram.com/p/_GZCyCEZig/
Plutôt que de jouer sur l’hypersexualisation de ses morceaux, Tommy Genesis a décidé de prendre le subtil contre-pied de certaines artistes hip-hop mondialisées par Youtube. Si les textes de la chanteuse abordent le cul et les questions de domination et de soumission de manière frontale, les vidéos esthétisantes qui les incarnent jouent la carte de la suggestion et de la contemplation.
Le son d’une époque
À la fois rappeuse, chanteuse, modèle et vidéaste, Tommy refuse toute classification par genre, style vestimentaire ou zone d’expression quand il s’agit de définir son geste artistique. Et quand elle ne pose pas sur Instagram dans un T-Shirt Suicidal Tendencies, elle n’hésite pas à ressortir son vieux crop-top Motörhead dans les clips dont elle assure la réalisation.
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« Je suis rentrée dans une école d’art grâce à mes peintures mais je me suis rapidement tournée vers une pratique plus conceptuelle à travers la vidéo et la sculpture » explique-t-elle à Dazed. « Je pense que l’art peu résulter d’une peinture, d’une potterie ou d’un simple objet de la vie de tous les jours détourné de sa foonctio première. Ce qui importe c’est l’idée derrière le travail présenté. […] Mon seul héritage c’est Internet. « Genre » n’est qu’un simple mot. Mon approche culturelle reste trouble, indéterminée et intime. Je sais que je suis dans une industrie qui est dominée par les hommes mais en dehors des commentaires habituels des haters, je n’ai pas l’impression de devoir faire face à une quelconque adversité. Peut-être qu’il est temps pour les rappeuses d’être acceptées comme une norme sociale à part entière. »
Invitée à constituer la playlist idéale pour fumer de l’herbe, Tommy Genesis a récemment avoué des influences aussi variées que les Bad Brains, Michael Jackson, Tupac, Lauryn Hill ou les Pussy Riot. Que ce soit sur son propre album ou sur ses featurings avec Father ou sa pote Abra, Tommy Genesis profite de la grande liberté d’interprétation qu’autorise les collages d’influences de la génération post-internet pour offrir un son générationnel qui aligne repères populaires et balises expérimentales.
Le résultat ? Une expression en perpétuel mouvement, capable de faire ressurgir des souvenirs gouffriques de Cannibal Ox ou des premiers M.I.A. pour les noyer dans des motifs rythmiques contemporains dignes de Future ou Migos. Un combo d’époques et de postures appelé à exploser sur son prochain album prévu pour mars 2016. Vous êtes prévenus.
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