Projet métisse pour musiciens talentueux : Electro Bamako dure depuis plus de dix ans, avec Marc Minelli en chef de file. Ils jouaient le samedi 25 mai à la Bellevilloise et ça groovait dans tous les sens. On y était, on vous raconte.
Direction la Bellevilloise, belle salle parisienne logée en haut de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement de Paris : dehors, il fait froid et gris et ça tombe bien, on va voir une musique qui réchauffe. On jette un coup d’œil en arrivant à la Halle aux oliviers, toujours blindée, et on se glisse doucement dans le Club, espace en forme de basement où l’acoustique est étonnamment agréable. Sur scène, les trois musiciens baignent dans une lumière rouge, leurs instruments en mains : Marc Minelli, Damien Traïni, aka Damisko, et Paul Sidibé s’apprêtent à dérouler leur bel album Electro Bamako.
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Le projet avait commencé en 2001, avec un premier disque aux couleurs jazz sur lequel chantait Mamani Keïta. Changement de direction aujourd’hui, et c’est vers des contrées plus urbaines, teintées de rock, d’électro massive et de funk que Marc Minelli se dirige. Le chant assuré par Paul Sidibé est plus brut et sa voix est pleine des aspérités sur lesquelles on aime s’attarder. Les paroles sont pour la majorité en bambara, langue de son pays, le Mali, dont nous vient aussi le n’goni, un instrument à corde que manie également Damisko. On les regarde avec attention en jouer sur des rythmes qui varient du simple au double, qu’on soit sur des chansons comme Idjo, ballade alanguie avec ses percussions entêtantes ou sur la petite bombe de l’album, Demebaga Express, qui est une course au galop. Sur celle-ci, le chant se resserre (le flow se rapproche du rap) et le projet est clair : vous faire bouger les fesses comme jamais.
Côté scène, tout se passe bien… On a par contre beaucoup de place dans la salle. Constat : peu de gens ont fait le déplacement pour voir le trio en live, et c’est dommage. Conséquence : c’est toujours plus compliqué de se laisser aller à danser quand on est en petit comité. Alors, la musique est bonne comme le public est froid, pour une grande partie du concert tout du moins. On se balance timidement d’un pas chaloupé, on essaye de remuer entre le bar et la scène, et beaucoup de gens ont l’air de se demander comment bouger leurs corps sur cette musique hybride. Un jeune homme y arrive pourtant, comme ça : mouvements de jambes saccadés qui ressemblent à du breakdance, épaules qui battent le rythme, et il impose son swag dans un mélange entre les Kris Kross dans le clip de Jump et la chanteuse de Deee-Lite sur celui de Groove Is In The Heart.
Les riffs de guitare sont engageants, et Marc Minelli soigne le côté rock du groupe. La belle reprise des Talking Heads en témoigne : l’originale The Great Curve balançait déjà bien ; cette version nous emmène sur un autre chemin, avec ses boucles électroniques et le son du n’goni boosté. Avec la chanson Ti ya ya et son refrain scandé, on repasse plus tard sur des accents funk, soutenus par des beats électroniques qui tabassent, et entrecoupés des percussions de Damisko, habile au djembé.
La fin du concert arrive tout de même un peu tôt. Il avait commencé à 20h30, et à 21h30 on arrête tout pour laisser la place à la seconde partie du festival L’Afrique dans tous les sens, avec Yaobobby (rappeur togolais engagé, pour un moment musical et politique). Une heure, c’est le temps qu’il a fallu au public pour vraiment se mettre en jambes. C’est aussi la durée de cet album, Electro Bamako, dont la transposition sur scène est convaincante. C’est parfois foutraque et c’est tant mieux, on n’attendait pas de ces trois bourlingueurs musicaux un moment propre et léché, plutôt une bonne dose d’énergie et de sincérité. Sur ce point, c’est réussi, et si les gens ne sont pas ressortis de la salle en sueur, l’ambiance bon enfant de la soirée a dessiné sur leurs visages de jolis sourires.
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