Il y a quatre ans, le monde découvrait avec stupéfaction le tube aussi entêtant qu’infernal de Carly Rae Jepsen, Call me maybe. Après les millions d’albums vendus, les parodies ont naturellement fleuri et ont fait de la jeune chanteuse canadienne la risée du web. Elle aurait pu en rester là mais elle a choisi l’option du retour gagnant en s’associant à Blood Orange et Vampire Weekend sur son troisième album, Emotion. Retour sur le parcours d’une miraculée de la pop.
Comme bon nombre de ses congénères issus de la génération Y, Carly Rae Jepsen a grandi avec le secret espoir de devenir une star. C’est donc dans cette optique qu’elle s’est incrite à 22 ans à Canadian Idol en 2007, où sa prestation lui a permis de décrocher la troisième place du télé-crochet 2.0.
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Elle a sorti un an plus tard son premier album, Tug of War, qui lui a permis de se faire un nom dans son pays natal, à défaut d’y devenir la reine des charts, une place alors trustée par Avril Lavigne.
En 2011, elle met la touche finale à son deuxième album, Kiss, qui aurait tout à fait pu passer inaperçu parmi le flot des sorties pop cette année-là. Mais le destin a voulu qu’une chanson croise la route d’un certain Justin Bieber. A l’époque, il est déjà un dieu vivant pour son armée mondiale de fans, les Beliebers, grâce à son tube Baby, et ses propos passent pour parole d’évangile auprès de cette jeunesse hystérique.
Aussi, lorsqu’il se fend d’un tweet en décembre 2011 pour vanter les mérites de Call Me Maybe, c’est l’emballement immédiat auprès des fans mais aussi auprès du propre manager de Justin Bieber, Scooter Braun. Séduit par ce qu’il affirme être de la « sexy hippie pop », il la signe sur son label Schoolboy Records.
L’escalade de la violence
Début 2012, Bieber réitère sa bonne action envers celle qui est désormais sa camarade de label en postant une vidéo « à la cool » de lui, de sa petite amie de l’époque, Selena Gomez, et de quelques amis en train de faire du playback sur Call Me Maybe. Résultat des courses : la chanson devient numéro 1 au Canada et se fraye rapidement un chemin en pôle position des charts US, avant de conquérir le reste du monde. Le single deviendra numéro un dans plus de quinze pays et se vendra à plus de 12 millions d’exmplaires, rien que sur l’année 2012.
Au printemps de cette même année, c’est Katy Perry, alors en goguette à Coachella, qui s’adonne à un lipsync en roue libre sur ladite chanson. Puis c’est le monde entier qui reprend à sa sauce ce tube obsédant et le rend tout bonnement insupportable.
De chanson, Call Me Maybe devient un mème – tout comme son interprète, par la même occasion. Après plusieurs mois d’existence, l’excellente mélodie pop s’apparente à une torture pour n’importe quel auditeur et Carly Rae Jepsen en paie le prix fort. Les moqueries fusent et les comparaisons douteuses pointent le bout de leur nez : « Serait-elle la nouvelle Rebecca Black ? »
Riche d’un juteux pactole accumulé grâce aux ventes colossales de sa chanson, la jeune canadienne se retire des projecteurs après la tournée qui accompagne Kiss, pour mieux fomenter son retour.
La résurrection pop couplée d’un retour de hype
Tel un phoenix qui a su renaitre de ses cendres, Carly Rae Jepsen est humblement revenue en 2015 avec son troisième album, sobrement intitulé Emotion.
Et le pari qu’elle s’était fixé, sortir du carcan de la midinette pop sucrée, a été relevé haut la main, grâce à son talent de songwriting pop évident et à sa collaboration avec la crème de la musique « indé » actuelle. Devonté Hynes de Blood Orange et Rostam Batmanglij de Vampire Weekend sont, entre autres, venus prêter main forte à la canadienne.
Le résultat est un concentré de pop pure et dure, des paroles parfois cheesy accompagnées de mélodies redoutables qui rappellent au bon souvenir de Cindy Lauper, Katy Perry, Madonna à ses débuts ou encore Pat Benattar ! Même la bible de la musique outre-Atlantique, Pitchfork, s’est laissé convaincre par ce changement de cap orchestré par Ariel Rechtshaid, l’homme incontournable de la pop actuelle qui officie aussi bien pour Haim que pour Madonna et Tobias Jesso Jr, en classant Emotion 34è meilleur album au sein de son top 50 annuel.
Preuve ultime que Carly Rae Jepsen a été adoubée par le royaume de la hype ? Gia Coppola, réalisatrice/it girl/petite fille de/nièce de a réalisé le clip de son single Your Type, signifiant par la même occasion que la pop a trouvé sa nouvelle princesse.
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