Ecrit avant la mort de Lux Interior, un livre érudit et poignant
Parfois, les Cramps arboraient des vêtements de vinyle – matière qu’ils portaient également au fond du cœur. Car, plus que celle d’une seringue, l’aiguille qui a radicalement altéré la chimie intime de lux Interior et Poison Ivy est celle d’un tourne-disques. Une aiguille qui aura exploré les sillons de milliers de singles lubriques et d’albums foutraques, pour ensuite donner naissance à des chansons hautement hallucinogènes. Au nombre des fans qui doivent à Lux et Ivy d’avoir, ainsi, découvert des pans insoupçonnés de la culture américaine, figure Alain Feydri, ancien journaliste d’une revue (Nineteen) elle-même assez portée sur les trésors déjantés et les brocantes enchantées. D’une érudition folle, son livre retrace l’itinéraire d’Erick Lee Purkhiser (Lux) et Kristy Wallace (Ivy), soit d’un fils du Midwest pollué et d’une Californienne éprise de Link Wray, qui tous deux se seraient damnés pour un 45 tours de chez Sun. Sous la plume alerte de Feydri, Lux et Ivy écument le CBGB des années punk, donnent un concert dans un asile de fous, signent (saignent ?) une paire de chefs-d’œuvre – Songs The Lord Taught Us (1980), Psychedelic Jungle (1981) – puis, durant trois décennies, prêchent la mauvaise parole sur toutes les scènes du monde. Que le récent décès de Lux ait mis un terme à leur équipée sauvage ne fait que rendre plus poignante encore la lecture de cette biographie, dont le sous-titre, tiré d’un chant d’amour du Gun Club, annonce ouvertement le ton.
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