Pour son entrée en littérature, Olivier Bourdeaut, 35 ans, lie danse, enfance et démence dans un roman fantasque et tragique.
On le sait : les enfants trinquent quand les parents boivent. Mais que se passe-t-il quand ils dansent ? Dès que son père et sa mère commencent à valser sur Mr. Bojangles de Nina Simone, le jeune héros de ce premier roman pousse les meubles du salon et virevolte autour du couple qui ondule en rythme.
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Dans l’appartement familial, le quotidien est une fête et la folie aussi douce que la vie : on joue aux dames sur les dalles de l’entrée, on se donne de nouveaux prénoms tous les jours et, quand la réalité est triste, on invente des journées imaginaires pleines d’histoires farfelues. Impératrice d’élégance et d’excentricité, c’est la mère qui mène le bal. “Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant (…) mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit pas éternelle.”
Une belle histoire d’amour fou
A juste titre : quand cette “Don Quichotte en jupe et en bottes” se met à dérailler, la mélodie du bonheur s’enraie et ses hommes ne savent plus sur quel pied danser. Au détour d’un délire incendiaire, la démence s’invite sur la piste et la gueule de bois s’annonce tragique. “Les médecins nous avaient expliqué qu’il fallait la protéger d’elle-même pour protéger les autres.” On connaît la ritournelle : séjours en clinique et dépression chronique. Après le swing des festivités délurées, le récit laisse place à la lente mélopée de la maladie incurable.
Primo-romancier à la vocation tardive, Olivier Bourdeaut aurait “longtemps hésité avant de se mettre à écrire, se sentant tout petit devant sa bibliothèque”, nous dit la quatrième de couve. Parions que dans ses étagères “écrasantes” trônent L’Ecume des jours de Boris Vian et Tendre est la nuit de Fitzgerald, tant on retrouve ici le sens du rythme et de la prose imagée du premier, et la légèreté du désespoir de second. A l’instar des deux classiques, En attendant Bojangles se lit comme une belle histoire d’amour fou, une “histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent ça”.
En attendant Bojangles (Finitude), 158 pages, 15,50 €
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