Seul sur scène, le Cohen transalpin transforme chacune de ses chansons en poème charnel.
On pourrait passer sa vie à pourfendre tous les poncifs qui circulent sur la chanson transalpine – forcément légère, enjoleuse et portée sur l’emphase. Mais il en est un qu’on ne discutera jamais : celui qui présente l’italien comme la langue la plus musicale du monde. Car ce cliché énonce une évidence, une vérité brute à laquelle Gianmaria Testa, depuis l’album Montgolfières (1995), n’a cessé de donner de nouveaux accents. Enfant de l’amour qu’il a voué aux grands classiques locaux (Roberto Murolo, Fabrizio de André…) et nord-américains (Cohen, Dylan…), le Piémontais est l’emblème d’une poésie éminemment sensuelle, célébrant la troublante nudité d’un verbe devenu chant. Seul sur scène, enregistré à Rome au printemps 2008, avec sa guitare et ses textes comme unique bagage, Testa transforme ici l’exercice musical en acte à la fois charnel et sacré. Chaque mélodie arrache des frissons au lit de rocailles qu’il a au fond de la gorge, chaque mot prend le relief d’une confidence déposée au creux de l’oreille, chaque souffle transmet la vibration d’un être saisi par la beauté du monde. Certaines musiques charrient dans leur onde toutes les richesses intérieures qui fécondent une vie d’homme. Telle est la chanson de Gianmaria Testa, qui possède à la fois le frais murmure d’une source et l’ampleur majestueuse d’un delta.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}