On réédite la pop limpide et damnée des héros méconnus de Liverpool
Quand on parle de trésor caché, on évoque généralement une chanson oubliée sur une face B : rarement un album entier. Mystérieusement refusé au Panthéon par un physionomiste sourd, ce premier album (le second est aussi merveilleux) des Pale Fountains offrait pourtant au début des années 80 le plus puissant antidote aux noirceurs de la cold-wave, au réalisme grinçant d’une partie de la new-wave. Optimiste, naïve et insolente, la pop des Pale Fountains rêvait du baroque de Love, de la flamboyance de Burt Bacharach, de la sérennité spleenienne de la bossa-nova… Et de Palm Of My Hand (un des quatre merveilleux “inédits” proposés par cette réédition)
à Something On My Mind, les très jeunes Liverpuldiens signeront une véritable déclaration de guerre à leur époque, offrant une sensibilité, une fragilité et une élégance qui allaient ouvrir la route en grand aux Smiths, puis à Oasis et The Coral, tous fans. Mais le pont d’or offert aux frères Head pour ce premier album se révèla une planche très glissante : grisés par la fortune, ces mioches géniaux sombreront dans les plus sordides histoires de dope, dont leur groupe suivant – Shack – ne les sortira que par intermittence. Un gâchis inoui. Mais les Pale Fountains n’ont pas été perdus pour tout le monde : une jeune génération admirative – notamment les prometteurs Violens de New York – pourrait bien venger la malédiction de cette écriture supérieure.