L’empire Luc Besson décrypté dans une biographie non autorisée rigoureuse et passionnante.
Réalisateur de quinze longs métrages depuis le début des années 1980, producteur d’une centaine de films via notamment EuropaCorp, sa société cotée en Bourse, fondateur de la Cité du cinéma, studio implanté à Saint-Denis (93), Luc Besson a bâti pièce par pièce un puissant et unique empire dans l’industrie culturelle française.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un empire dont les chiffres donnent le vertige : avec près de trois milliards d’euros de recettes cumulées par ses films, et une fortune personnelle estimée à 80 millions d’euros, le tycoon au look d’éternel adolescent a imposé son nom au rang des grands boss de l’entertainment mondial, tels George Lucas ou Steven Spielberg.
Suspecté de malversations fiscales
Mais derrière la success story se cache un mystère : jugé comme un patron aux méthodes peu orthodoxes, suspecté de malversations fiscales, défoncé par la presse depuis ses débuts, Luc Besson suscite la crainte et les fantasmes, qu’il alimente en verrouillant militairement sa com.
Première biographie non autorisée du mogul frenchy, Luc Besson – L’homme qui voulait être aimé lève enfin le mystère. Signée par le journaliste indépendant Geoffrey Le Guilcher, ex-plume des Inrocks, cette longue et riche enquête, dans la lignée des récits de non-fiction américains (on pense à la biographie géniale de John Belushi par Bob Woodward), aborde avec rigueur et sans a priori tous les points aveugles d’une carrière fulgurante, cherchant la vérité du cas Besson à travers une multitude d’interviews de proches, partenaires ou anciens ennemis.
La revanche de l’enfant martyr
Si le profil psychologique du cinéaste semble un peu forcé – façon la revanche de l’enfant martyr –, le livre frappe au plus juste dès lors qu’il enquête sur le capitaine d’industrie, révélant ses petits arrangements avec la loi, les faveurs fiscales que lui auraient accordées tour à tour Laurent Fabius et Nicolas Sarkozy, ou ses méthodes de gestion, mélange de pure naïveté et de cynisme redoutable.
S’y dessine le portrait précis d’un patron sans pitié, dont le storytelling bisounours, répété à longueur d’interviews “autorisées”, ne résiste pas à l’étude clinique des faits. Pas sûr que le principal intéressé soit vraiment fan du bouquin. Romain Blondeau
Luc Besson – L’homme qui voulait être aimé de Geoffrey Le Guilcher (Flammarion), 320 pages, 19,90 €
{"type":"Banniere-Basse"}