Toujours aussi nerveux et élégants, les Anglais The Rakes transposent leurs chroniques impitoyables dans les vestiges de Berlin Est.
On se demande souvent comment les groupes de rock peuvent bien occuper leur journée lorsqu’ils ne sont pas en tournée, en studio, en phase d’écriture ou de promo, à quoi leur quotidien peut ressembler en dehors de la musique. Certains rattrapent le manque de sommeil accumulé pendant des semaines sur la route. D’autres avouent rester des heures le regard perdu dans le vague, désœuvrés, inadaptés à la routine du quotidien.
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Depuis fin 2007, point final de la tournée de leur deuxième album, jusqu’à leur entrée en studio fin 2008, les Rakes se sont faits discrets. Ils remportent haut la main le concours des activités de musiciens en pause les plus farfelues. « C’était très rafraichissant de faire autre chose, explique Alan Donohoe, le longiligne chanteur chic. Notre guitariste Matthew a commencé un master en philosophie. Quant à moi, j’ai travaillé sur un chantier de construction avec mon beau-frère et je me suis penché un peu sur la théorie de la musique. Apprendre le piano a aussi fait évoluer notre songwriting, tout en gardant un esprit punk loin de Keane ou Elton John. »
Le mot “Klang” désigne un son dans la langue de Goethe, mais cette onomatopée fait aussi penser au riff cinglant d’une guitare électrique. Même si Klang contient moins d’hymnes incisifs que ses prédécesseurs, les Rakes maîtrisent toujours leur habile mélange de mélodies fines (The Light From Your Mac et ses échos des Buzzcocks) et d’urgence post-punk (You’re In It ou 1989, sur la chute du mur de Berlin).
Toujours inspirés par les grandes villes, les Rakes ont décidé cette fois de quitter leur champ usuel d’observation : l’Angleterre. C’est à Planet Roc, dans une ancienne station de radio de Berlin Est, qu’ils ont trouvé refuge avec le producteur Chris Zane. « Le précédent album Ten New Messages avait tellement d’invités que cette fois nous voulions juste écrire tous les quatre, déclare Donohoe. Sur scène, un cinquième membre nous aide à la guitare et aux claviers. Je me contente de chanter et de gigoter comme un imbécile. » On l’aura compris, ces Anglais évitent soigneusement de se prendre au sérieux, dans la grande tradition de l’autodépréciation à la Morrissey.
Doté d’un humour anglais irrésistible, Alan Donohoe continue de chanter de sa voix patraque de véritables chroniques urbaines, qui s’immiscent à présent dans la vie de couple – une alliance brille à son annulaire gauche. « Les paroles du premier album reflétaient nos vies à l’époque : aller au boulot de 9h du matin à 5h du soir, puis au pub, continue Matthew Swinnerton. Maintenant c’est l’inverse, on travaille plutôt de 9h du soir à 5h du matin. »
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