Argentin de Paris, le percussionniste Minimo Garay fait trembler la terre sur son nouvel album.
Depuis son arrivée sur la scène parisienne en 1988, le batteur-percussionniste argentin Minino Garay n’est jamais passé inaperçu. Il y a d’abord cette gueule échappée d’un western de Sergio Leone : les cheveux noirs jusqu’au milieu du dos, le sourire carnassier et la barbe rebelle. Il y a surtout une faconde, une gourmandise, chez l’homme comme chez le musicien, qui dynamitent les projets auxquels il participe (il a accompagné Julien Lourau et son Groove Gang, Magik Malik, Dee Dee Bridgewater…).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
L’Argentin apporte sa maîtrise des percussions latines, son tempérament de feu, ses saillies rythmiques. Des qualités au cœur de Los Tambores Del Sur, le groupe sud-américain dont il coalise la fougue sur son dernier album, Que Lo Pario ! Avec sa bande, Minino promène un peu partout ses mélopées nostalgiques, ses thèmes sanguins et charnels, qui irriguent une musique terriblement vivante. L’âme latine ? «Les Tambours du Sud ont démarré comme un groupe de percussions en 1995. On a enrichi la formule avec des chansons. C’est aussi une aventure parisienne, pour l’envie et l’audace du mélange. »
Minino Garay vient de Cordoba. « C’est notre Marseille. Il existe la même relation d’amour-haine entre Buenos Aires et Cordoba qu’entre Paris et Marseille. L’accent change. Le tango vit à Buenos Aires, la tradition espagnole et andine est ancrée à Cordoba, tout comme les rythmes et les folklores des Péruviens noirs, des Indiens ou le candomblé d’Uruguay. Malgré les massacres, les exterminations historiques, les racines africaines ont survécu, cela donne une richesse incroyable. »
Minino est enfant de la balle. Alors que son frère joue au football en première division argentine, il se destine très tôt à la musique. Un oncle directeur d’orchestre l’initie, l’embarque lors des bals. À cinq ou six ans, Minino contemple chaque week-end le même spectacle : trois ou quatre mille personnes dansent sur des airs populaires, des paso-dobles, des slows. On fait descendre le petit une fois deux fois, dix fois de scène.
À onze ans, on le laisse finalement jouer des percussions avec les grands. Pendant les bals, il y a « la partie internationale ». L’orchestre reprend les tubes du monde entier. Minino parfait ensuite son apprentissage au conservatoire de Cordoba, puis il monte à Buenos Aires et multiplie les expériences. Puis direction la France. « Il y a une fascination des intellectuels de Buenos-Aires pour Paris. Je suis arrivé ici avec les contacts de Gustavo Beteylmann, Juan José Mosalini, Raoul Barbosa. »
La filière argentine fonctionne via Les Trottoirs de Buenos Aires, un club de la rue des Lombards. En face, au Sunset, Minino Garay rencontre les jazzmen : Pierre Blanchard, Raphaël Fays, Richard Bona, Jean-Michel Pilc, Sixun… Le jazz d’ici, avec ses influences manouches, mandingues, arabes. Minino Garay joue du cajon, une boîte en bois, un instrument péruvien, et du bombo, un gros tambour et de la batterie. « Notre culture est hybride. On m’appelait pour ça, pour ces instruments et ces sonorités originales.»
Près de trente ans après ces soirées à ciel ouvert, dans les petites bourgades du centre de l’Argentine, le destin a des raccourcis malicieux. En 2002, Minino Garay est contacté pour rejoindre la tournée de Christophe. Il ne le connaît pas. Des proches le convainquent d’accompagner le chanteur qui amorce son retour. Au milieu d’un concert, ce dernier entame Aline. Minino Garay s’interrompt, raconte au chanteur et au public qu’il jouait cet air à des milliers de kilomètres, quand il était gosse. Le monde est petit.
{"type":"Banniere-Basse"}