Ce jeune Australien continue très fort, en symphonie et démesure
Ce n’est pas seulement parce que lui aussi se prénome Scott qu’on présentera cet Australien de Brooklyn comme un héritier crédible, sans test ADN, du Scott Walker des années 60. Les deux hommes, outre une évidente fascination pour une mittleuropa fantasmée, partagent à l’évidence, à quarante ans d’intervalle, l’inconscience et l’insolence de leur jeunesse, un goût du risque et de la démesure qui ne craint pas les gnons, jamais le ridicule. Scott Matthew peut ainsi, sans trember, s’aventurer dans des pièces montées telles que les affectionnent Rufus Wainwright ou Antony : dans son extravagance de décorateur, il n’oublie jamais sa rigueur d’architecte, longuement testée à longueur de BO de films (Shortbus…). Même si son lyrisme s’aventure, à la Jeff Buckley, Cardinal ou Thom Yorke sur un fil au-dessus du chaos, des remous d’un psychédélisme de salon, il ne glisse jamais dans la démonstration, trop pudique et frêle pour la simple gymnastique vocale : comme le dit le titre de son album, entre lui et les romantiques-geignards-pissous à la Keane, il y a un ocean… Le sien est de miel, mais aussi de récifs – et c’est un paysage prodigieux, irréel. Y plonger, c’est s’y noyer, dans des délices à peine racontables.
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