Pour oublier son passé glorieux, l’Américain y replonge avec urgence
Le punk-rock n’a jamais été la meilleure école pour se préparer à vieillir. Un beau matin, on a donc 48 ans. Sur Life & Times, Bob Mould semble vouloir faire écho au célèbre aphorisme d’Oscar Wilde qui disait : “Celui qui se tourne sur son passé ne mérite pas d’envisager un avenir”. L’ancien chanteur et guitariste du trio noisy américain Hüsker Dü met d’ailleurs les pendules à l’heure dès la première des dix chansons de Life & Times : “qu’est ce qu’on en a à foutre, remuer toute cette poussière et se voir ramené en arrière dans une vie et des temps lointains”. Pour cette génération de musiciens hardcore des années 80 – à l’exception notable de Kurt Kobain, qui s’est en quelque sorte exempté – on ne semble pourtant pas échapper à son passé, surtout si celui-ci a été fulgurant. Mould, qu’on avait trouvé mou du manche sur ses récents efforts, semble avoir pris conscience de ce paradoxe pour remettre à ce point de la combustion sur ce neuvième album solo. Seul avec ses guitares et un batteur, il s’applique, non à remuer la poussière, mais à ranimer les braises, notamment sur MM17 et Spiraling Down, donnant à entendre l’un et l’autre le meilleur d’un style qui sculpte la mélodie à même la saturation. Il décoche même une très belle flèche avec City Lights (Days Go By) qui transpercera plus d’un matin opaque avec sa mélodie pop acérée, rappelant qu’Hüsker Dü et R.E.M ne partageaient pas seulement la coïncidence d’une époque. Le reste, avouons le, chute quelque peu dans la routine : comme souvent la vie, ce disque finit plus mal qu’il n’a commencé.