Coup de foudre pour ce hip-hop coquin, joué sourire aux lèvres et dynamite en poche par deux Japonaises boulimiques. Cibo Matto ou les 400 coups de deux Japonaises boulimiques saisies de bougeotte dans les rues bariolées du Lower East Side new-yorkais, nouvel eldorado cosmopolite et polyglotte. L’une Miho Hatori chante, l’autre Yuka […]
Coup de foudre pour ce hip-hop coquin, joué sourire aux lèvres et dynamite en poche par deux Japonaises boulimiques.
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Cibo Matto ou les 400 coups de deux Japonaises boulimiques saisies de bougeotte dans les rues bariolées du Lower East Side new-yorkais, nouvel eldorado cosmopolite et polyglotte. L’une Miho Hatori chante, l’autre Yuka Honda déjante. Pas vraiment férues de culture classique ou d’haïkus subtils, ces jouvencelles. Cibo Matto pourrait se traduire (de l’italien) par « dingue de bouffe », et ces deux filles font preuve d’une sidérante voracité. Le genre à n’avoir jamais supporté un film d’Ozu jusqu’au bout, mais à s’être goinfrées de mangas et de dessins animés crétins. D’une curiosité insatiable, Cibo Matto farfouille dans les solderies de disques, fait les poches du funk, tire la barbe du jazz. Leur virtuosité est époustouflante, leur bonne humeur sidérante, leurs appétits pantagruéliques. Sous le grand chapiteau de Cibo Matto, les danseuses du ventre ont des mimiques de clowns. Joyeux désordre, minutieusement agencé : rythmes hystériques, rimes acrobatiques et accent tonique vagabond. Familière, cette musique est soudain méconnaissable. L’irrévérence effrontée vient du punk on ne saura jamais suffisamment gré au Japon d’avoir été le seul pays à faire des New York Dolls des superstars , le romantisme suinte de BO de films français moyennement recommandables (Vivre pour vivre de Lelouch), la mélancolie bleutée est celle de Bristol. Sous le soleil caniculaire de Manhattan, les brumes anglaises se dissipent. Cibo Matto, c’est un Portishead écervelé, qui au lieu de s’imprégner de Billie Holiday se serait gavé de Blondie ou de B-52’s. Yuka sample sans vergogne (Ennio Morricone, Duke Ellington), Miho piaille, harangue et susurre dans un même souffle. Depuis Beck et Björk on n’avait pas entendu pareille audace, un tel panache mis au service du détournement, du collage et, surtout, de vraies chansons, fraîches et fringantes. Sous cette pochette très BD seventies (le style Vampirella) et ce nom (Viva! LA woman) qui fait un clin d’œil aux Doors (l’orgue de Ray Manzarek a droit à un petit tour de piste), le hip-hop s’offre une grande bouffe (les textes, hilarants, trouvent dans la nourriture des métaphores savoureuses à foison) et une belle bouffée d’air turbulent. Déchaînées, les chipies de Cibo Matto font subir aux musiques urbaines de la Côte Est les outrages farceurs que leurs lointaines cousines de That Dog ont infligés au rock indé ; dans cette foire d’empoigne on se gardera bien de parler de métissage et autres fariboles , tous les coups sont permis, y compris le coup de foudre, seule réaction possible face à tant de charme canaille.
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