Protégés de Radiohead, les Américains Grizzly Bear se mettent en danger. Et progressent encore d’un cran.
Grizzly Bear est un éloge de la lenteur. Le groupe est, dès ses premières apparitions, réputé génial. Mais son premier album, Horn of Plenty, n’obtient qu’un “succès d’estime”. Sa suite, le mirifique Yellow House, a failli ne pas faire beaucoup mieux, même si la brigade des fans croissait joliment et si la critique chialait d’amour.
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Le miracle est né de très longs mois après la parution de Yellow House, il s’appelle Radiohead : en les prenant sous leur aile, en se déclarant fans, en les emmenant en tournée, leurs évidents cousins anglais les ont plongés dans la lumière. Il fallait offrir une suite à Yellow House. Le groupe ne s’est pas pressé, faisant les choses à son rythme, artisanal. Veckatimest fut sans doute l’un des disques les plus bruyamment attendus de l’année. Aucune déception. Grizzly Bear est, c’est désormais certain, un grand groupe. Un très grand groupe.
Et un groupe courageux : plutôt que de creuser à nouveau la veine de Yellow House, sombre et doucement expérimentale, le groupe se prend lui-même à contre-pied. Joue plus collectif, s’essaie à la pop – avec des chansons de cinq minutes en moyenne, pas beaucoup moins complexes que les précédentes. Il choisit la lumière plutôt que les abysses, l’air de l’espace plutôt que l’humidité de la cave. Et il s’empare à pleines mains de beautés neuves, tout aussi fascinantes que celles de Yellow House. Dans des forêts lumineuses, des circonvolutions gracieuses, des arrangements et harmonies diaboliquement précis, dans la ouate mousseuse de ces mélodies et chants sans pesanteur, tous ces morceaux hantent l’esprit comme des spectres merveilleux, flottent dans le printemps comme des fées bénies.
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