Jacques Cheminade est de nouveau candidat à l’élection présidentielle, pour la sixième fois. Depuis des mois, ses militants sont occupés à faire le tour de la France à la recherche des précieux parrainages.
Jacques Cheminade est un candidat optimiste. Depuis 1981, le fondateur du parti Solidarité et Progrès tente sa chance à l’élection présidentielle. Mais ce qui pêche souvent, ce sont les 500 signatures d’élus obligatoires pour se présenter. Candidat officiel en 1995 et 2012, il obtient 0,28% et 0,25% des voix. Le « gaulliste de gauche » autoproclamé a annoncé récemment rempiler pour une nouvelle campagne sous le signe de la « libération de l’occupation financière ». Avant l’élection, ses militants se dévouent à la collecte des précieux sésames, jusqu’à l’échéance de dépôt des parrainages, qui devrait être à la mi-mars 2017.
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Pour cela, Cheminade mise sur les maires de petites communes, principalement celles de moins de 1 000 habitants. Karel Vereycken, le porte-parole du candidat a bon espoir de recueillir le précieux sésame. « Et puis, on va aller prier à Notre-Dame ! », blague-t-il.
Un tour de France « à l’ancienne »
Leur méthode pour séduire les maires : un bon vieux tour de France « à l’ancienne ». « On planifie une journée dans une région, on passe des appels aux maires, principalement ceux qui nous ont déjà parrainé, et deux adhérents, en général, leur rendent visite », explique Karel Vereycken. Environ une heure de discussion avec les maires où les pro-Cheminade sortent leur argumentaire. « On leur dit que c’est nécessaire qu’il y ait Cheminade à l’élection. Que s’il n’est pas là, personne ne parlera de comment reprendre la main sur la finance » détaille Alexandre Noury, membre permanent du parti, en charge d’organiser la collecte des signatures. Ils n’évoquent donc pas a priori la conquête spatiale.
« Les gens pensent que pour les maires, c’est bizarre de voir arriver Cheminade tous les cinq ans mais non ! » rassure Karel Vereycken. Les partisans s’accordent à dire que les élus sont réceptifs, contents qu’on écoute leurs problèmes. Pour Karel Vereycken et Alexandre Noury, les maires sont connectés à l’activité économique réelle, ils ont un sens de l’intérêt général et sont donc ouverts aux problématiques évoqués par Cheminade : la séparation des banques, la crise du système actuel. « Ils détestent les grosses machines politiques » côté Vereycken, « il n’aiment pas le monde politique des arrangements et des faux débats » pour Noury. Ce qui est sûr c’est qu’ils ne se contredisent pas.
« Deux personnes très gentilles sont venues me parler directement, la démarche me plaisait » confirme Roger Violante, maire de Saint-Bonnet-Le-Château, 1 500 habitants, dans la Loire. « Mais Cheminade n’est pas suffisamment virulent pour faire bouger les gens, je vais sûrement changer mon fusil d’épaule et parrainer le FN. » Le maire ne se souvient même plus si Cheminade a finalement pu se présenter ou pas.
« Faire vivre la démocratie »
Jean-Marc Lacombe, maire de Julienne, 500 habitants en Charente, a parrainé Cheminade pour « faire vivre la démocratie » et serait prêt à le refaire. Il se souvient de la visite de deux militants « qui se sont démenés et croyaient en leurs idées » Il a reçu une feuille d’engagement et un coup de fil, il y a au moins six mois, preuve que les adeptes de Cheminade s’y prennent tôt pour les signatures.
Les maires interrogés ne semble pas s’inquiéter de la réputation de Jacques Cheminade. En 2012, il fait beaucoup parler de lui avec sa volonté de coloniser Mars et la lune. Personnalité controversée, le candidat est difficile à cerner, souvent accusé de complotisme. Il est un grand admirateur de Lyndon LaRouche, un homme politique américain conspirationniste et négationniste selon le site Conspiracywatch. La Miviludes (l’organisme de veille et de lutte contre les dérives sectaires) avait épinglé son parti pour la façon dont il ciblait les étudiants, comme le rappelle Le Monde.
Ces controverses n’entachent pas la motivation de ses partisans à la recherche de parrainages pour Jacques Cheminade. Les membres du parti restent flous sur la date à laquelle ils ont commencé cette quête comme sur le nombre de ses adhérents. Alexandre Noury ne se souvient plus. « Plusieurs centaines de militants en tout, et d’une vingtaine à une centaine qui se déplacent pour voir les maires » selon Karel Vereycken.
Prophète de la crise économique
Guillaume Dubost est ingénieur transports à Bruxelles dans la vie, chercheur de signatures pour Cheminade sur son temps libre. Le trentenaire milite depuis six ans à Solidarité et Progrès. C’est la cohérence de son discours, qui l’a attiré vers Cheminade. En ce moment, il fait le tour du Nord-Pas-de-Calais pendant une semaine. « Je le referai peut-être deux ou trois fois encore jusqu’au dépôt des parrainages. »
Les partisans parlent d’une même voix quand il s’agit de leur candidat. Ils ont la conviction que Jacques Cheminade dit ce que personne d’autre n’ose dire. Tous en cœur, ils expriment leur fierté de cet appel de 2013 pour la séparation des activités bancaires. Surtout, ils répètent à tort et à travers: le seul à avoir prédit la crise économique, c’était leur candidat, et ce dès 1995.
Pour les maires qui ne seraient pas encore convaincus, il y a encore la possibilité de parler au prophète lui-même, quand il se déplace dans les régions pour des conférences. Jacques Cheminade en profite alors pour rencontrer des maires. « On préfère toujours parler à Dieu qu’à ses apôtres » résume son porte-parole.
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