[Séries mania] Diffusée lundi soir au Festival en exclusivité mondiale, la série argentine El Marginal est indéniablement une des belles découvertes de cette septième édition de Séries Mania.
Voilà déjà six jours que le festival Séries mania bat son plein. En plus des diffusions d’excellentes séries américaines qui ont rythmé l’année 2015 (Mr. Robot, American Crime, Casual), les rencontres exceptionnelles (David Chase, Cuba Gooding Jr. de American Crime Story ce jeudi soir), et les marathons comédies à venir (dimanche 24), certaines séries inédites commencent à sortir du lot. El Marginal, diffusée lundi soir au Forum des images, puis à nouveau ce mercredi 20 avril pour les retardataires, a largement gagné sa place dans le groupe des excellentes découvertes du festival.
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En compétition internationale aux côtés de séries très attendues comme la française Cannabis de Arte, la belge Beau Séjour ou l’australienne The Kettering Incident, la série argentine n’a pas à pâlir devant ses concurrentes.
Une série à la fois douce et violente
Une série dans une prison, encore ? Oui, et on en redemande. De Oz à Prison Break en passant par Orange is the new black ou Wentworth, l’univers carcéral a déjà été traité avec brio, au point où ce décor jadis novateur et excitant pourrait jouer en la défaveur d’El Marginal. Pourtant la série outrepasse ce handicap après seulement quelques minutes passées derrière les barreaux. C’est dans une prison aux antipodes des pénitenciers utra sécurisés que se retrouve propulsé le héros, Miguel Dimarco (Juan Minujín), un ancien policier qui doit infiltrer un réseau de criminels afin de sauver la fille d’un juge qu’ils ont kidnappée.
La bande-annonce survoltée laissait penser que la série serait sombre et manichéenne. On a au contraire découvert une série douce, sous ses apparences bourrines, qui pourra plaire à la critique comme au grand public et dont la subtilité se niche avant tout dans les rapports humains. Derrière le triptyque classique des séries de ce genre (drogues, sexe et violence), El Marginal est en fait terriblement drôle et surprenante. On y trouve des personnages complètement fous, capables d’enchaîner les insultes homophobes à la pelle puis de se fendre d’un « tu connais la Déclaration des droits de l’Homme? » indigné quelques minutes plus tard.
Se jouer des stéréotypes avec finesse
Si l’intrigue est prenante (Miguel devra manoeuvrer pour grimper les échelons et se rapprocher de la mafia qui règne sur la prison), on accroche avant tout avec El Marginal pour l’habilité avec laquelle elle se joue des stéréotypes et évite de tomber dans les pièges que lui tendait son synopsis de base. Aussi, les détenus n’ont de cesse de se traiter de « pédé« , « tarlouze« , « pédale« , et pourtant rares sont ceux qui ne s’adonnent pas, dans les allées sombres de cette prison insalubre à ciel ouvert, à des massages suggestifs et autres pipes consentantes. Ceux qui revendiquent haut et fort leur homosexualité sont loin d’être plus maltraités que les autres ; certains l’utilisent même à leur avantage pour se sortir de situation épineuses ou déconcerter leurs adversaires avec panache et dédain.
Juan Minujín et son regard taquin parvient de son côté à transcender le côté bad boy de son personnage et offre, enfin, un héros discret mais intense, parfaitement attachant sans en faire trop pour nous séduire.
Le nom de Sebastián Ortega, qui a co-créé la série, est connu en Argentine : il a écrit une des telenovelas les plus populaires du pays, Graduados, qui a multiplié les records d’audiences pendant sa diffusion en 2012. Cinq ans plus tôt, il avait également coproduit Lalola, une comédie burlesque adaptée dans douze pays (une adaptation avec James Van Der Beek avait même été tournée pour Fox aux Etats-Unis mais n’avait finalement jamais vu le jour). Pour l’instant, El Marginal n’a pas encore de diffuseur en France. A entendre les louanges que ses deux premiers épisodes ont reçues au festival Séries Mania, cela ne devrait plus rester le cas très longtemps.
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