Le 15 avril, Flavien Berger, Jacques, Salut C’Est Cool, Agoria ont improvisé un concert happening aux côtés des militants et des activistes de Nuit debout.
Vendredi 15 avril, 19 h 30 : on débarque place de la République. Les pavés détrempés miroitent sous les derniers rayons du soleil. L’endroit sent bon la merguez, et le tube de Saez (Jeune et con) sert de machine à remonter le temps. Certains tiennent une AG, d’autres flânent. A l’autre bout de la place, les boucles châtaines de Flavien Berger virevoltent sur une scène de fortune.
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Le petit prince français de l’electro-pop zinzin donne un concert improvisé avec Jacques, Strasbourgeois à la tonsure aussi surprenante que les explorations électroniques faites de bruits du quotidien de son premier ep Tout est magnifique. Un titre à l’image de l’événement : on ne voit rien, on n’entend pas assez, mais l’instant est d’une beauté suspendue.
“On fait ça instinctivement, il n’y a pas vraiment de valeur revendicative. Il ne s’agit pas de comprendre, mais de ressentir”, a expliqué Jacques à Trax avant la soirée. Les peu doux mais très dingues Salut C’Est Cool, le DJ hip-hop Dee Nasty et Agoria y participaient aussi. Un happening alléchant et mystérieux, à l’image du mouvement, aux contours déroutants et aux objectifs à la fois flous et galvanisants.
A l’image de la place aussi, où sont passés ce week-end l’ancien ministre des Finances grec Yánis Varoufákis (lire l’entretien p. 16), le philosophe chahuté Alain Finkielkraut, des fêtards et des militants. Les plus rêveurs d’entre nous y verraient une resucée de l’Agor(i)a grecque. Ok, c’était juste pour la blague.
Emportés par la foule
“Les passages cloutées (sic) sont pour les gens qui doutent. Toujours pareil, dans son ultime renversement, la poésie nous guette”, annonçait la page Facebook de l’événement créée la veille. Ici, la poésie émane autant des textes de Flavien Berger que de l’harmonisation (fortuite ?) de couleurs entre la veste de Jacques et le camion à gauche de la scène (photo).
Cette foule disparate (iroquoise ici, bracelet fête de l’Huma là, tote bag La Route du rock plus loin…) est un échantillon de la jeunesse de France en 2016, celle qui fait de Nuit debout un happening artistique, celle qui se retrouve sur la place de la République rénovée pour embrasser un mouvement, ou un concert, on ne sait plus très bien. Peut-être juste pour se tenir là, debout, histoire de bien accueillir la nuit.
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