Les Dolls retrouvent leur producteur légendaire et leurs nerfs intacts.
Lors de la reformation des New York Dolls, un métallurgiste (Jack Douglas, producteur des enclumes Aerosmith) avait, en studio, soumis les nouvelles chansons de David Johansen et Sylvain Sylvain au régime gonflette. Et réussi à les rendre parfois gonflantes.
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Trois ans plus tard, exit le rock pour stades. De retour aux manettes, Todd Rundgren, architecte du coup d’essai (nucléaire) des Dolls, mise derechef sur les nerfs (en pelote, toujours) plus que sur les biscotos. Avec ‘Cause I Sez So, les rues d’East Village sont en rut, les riffs de Sylvain Sylvain ont du funk plein les fouilles et David Johansen balance des glaviots glam à la gueule de trente ans de rock hygiénique. Venus au rock en pleine guerre du Vietnam, les Dolls jouent, depuis 1973, comme s’ils avaient l’Apocalypse à leurs trousses (Muddy Bones), du blues dans les tripes (This Is Ridiculous) et le Brill Building au fond du coeur : avec Better Than You et Lonely So Long, les talons aiguilles des Crystals et des Ronettes offrent au pavé de Broadway une rajeunissante séance d’acupuncture.
Loin de prôner le no future – lequel, dope aidant, devait rétamer Johnny Thunders et Jerry Nolan –, la fraction armée rose Johansen/Sylvain n’a jamais cessé de regarder New York à travers des lunettes en forme de coeurs (modèle Sue Lyon dans Lolita) ; sous leurs yeux émoustillés, la Mecque du rock underground dit merde à trois décennies de gentrification des sons.
Et s’ouvre aux trésors cosmopolites que les deux loustics ont amassés durant leurs carrières solo : le deuxième album des Dolls s’ouvrait sur une invitation au voyage (“C’mon, boys, let’s go to Babylon”), mais en relevant leur glitter-punk de reggae pour rastas en platform boots (Trash), de délices latino (Temptation to Exist) et de Philly Sound affole-mollets (Nobody Got No Bizness), David et Sylvain jumellent définitivement Manhattan et la cité des plaisirs interdits.
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