Il y a encore six mois, on n’aurait pas parié grand-chose sur The Knife, duo suédois composé d’Olof et Karin Dreijer, frère et sœur à l’état civil. Sorti en 2004 dans nos contrées, Deep Cuts (en réalité le deuxième album du duo) ressemblait à une immersion tête la première et pieds et poings liés dans […]
Il y a encore six mois, on n’aurait pas parié grand-chose sur The Knife, duo suédois composé d’Olof et Karin Dreijer, frère et sœur à l’état civil. Sorti en 2004 dans nos contrées, Deep Cuts (en réalité le deuxième album du duo) ressemblait à une immersion tête la première et pieds et poings liés dans un passé electro-pop des années 80 qu’on aurait volontiers laissé endormi. Sirupeux, dégoulinant de synthés, le disque manquait singulièrement de tranchant. Seule la voix de Karin, troublante comme celle de Björk Debut-ante, laissait une empreinte durable, loin des codes et références pop habituelles. La version folk et dépouillée d’Heartbeats par José Gonzáles, rendue célèbre par une pub pour écrans plats (celle avec les boules rouges qui dévalent les pentes de San Francisco), avait toutefois laissé entendre que le groupe méritait mieux que ce rôle de second couteau revivaliste .
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Deux ans après, le nouvel album du duo, Silent Shout, confirme. Les synthés sont toujours là, les années 80 aussi, mais l’esprit a totalement changé. A l’image de la pochette du disque qui, de pop éclatante et bariolée, s’est faite noir-bleu sombre, le groupe a laissé tomber les fioritures pour se concentrer sur ce qu’il avait de plus essentiel, de plus singulier. Deep Cuts était très frontal, explique Karin, Suédoise au look très geek avec ses petites lunettes et son carré blond.
Le meilleur reste sans doute à venir, ce troisième album laissant penser que le groupe, qui mêle synthés exubérants et rythmes percussifs, pieds techno et ambiances cold-wave, a enfin trouvé un équilibre entre la démesure baroque et le minimalisme. Si elle évoque furtivement Malcom McLaren (We Share Our Mother Health), Japan, les Cocteau Twins ou même Mami Chan (Na Na Na), leur musique fascine surtout par sa capacité à projeter l’auditeur dans un ailleurs dense et obsédant, fait de terres vierges ? et enneigées.
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