On le compare à un caméléon. Il est vrai que passer de l’image, d’un jeune esthète un peu bête (la série TV Hercule contre Arès, son enfance star au Mickey Mouse Club) à une glorification sans précédent (depuis son esthétisation silencieuse dans Drive), cela tient du dimorphisme. Analyse de sa filmographie.
Ryan Gosling est de ces acteurs qui, ayant su tirer parti d’un physique au départ assez universel, peuvent endosser tour à tour le rôle d’un adolescent assassin (The United State of Leland, Calculs meurtriers) et d’un séducteur à gros bras ; sauter allègrement de la comédie au thriller, du registre indé aux blockbusters, du film d’auteur au navet. Dernière preuve en date, 2011 : quelques mois après sa révélation aux yeux du monde, lors de la montée des marches à Cannes (pour Drive), le public français, médusé, le retrouve dans la peau d’un expert en séduction fan de Grease (Crazy, Stupid, Love). Pourtant, si l’on passe toute cette versatilité de scénario au tamis, les pépites sont là dès le début de sa filmographie. Et son jeu explose dans la peau de losers désabusés. Sélection.
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Danny Balint de Henry Bean (2001)
Le Canadien se fait remarquer au cinéma dans ce premier rôle psychologique et violent qui lui va comme un gant (sur sa tête rasée). Celui d’un jeune juif désaxé de 22 ans, devenu le leader d’un groupuscule néo-nazi. Grand Prix du Jury au festival Sundance. Lire notre critique ici.
http://www.youtube.com/watch?v=YJl6N4ygJ8c
N’oublie jamais de Nick Cassavetes (2004)
Mêmes cheveux blonds en bataille, même candeur malicieuse, Ryan Gosling devient le nouveau « Léo » dans le cœur des jeunes fans, grâce à cette romance nostalgique, directement tirée d’un best-seller américain. Campant un jeune homme séparé de l’objet de sa passion par sa classe sociale puis, des années plus tard, par la maladie d’Alzheimer, il décide de lui relire inlassablement leur histoire, consignée dans un journal. MTV Movie Award du meilleur baiser. Lire notre critique ici.
Half Nelson de Ryan Fleck (2006)
Un professeur d’histoire branché par la dialectique hégélienne, obligé d’enseigner dans un collège de Brooklyn : ça s’annonce mal. Heureusement, ce dernier s’enfonce dans la dépression (et le crack) avant de se fait surprendre par une de ses élèves de 13 ans. Conséquence : les deux se lient d’amitié et Ryan Gosling reprend des couleurs après deux polars moyens (Stay en 2005, La Faille en 2006) et avec une interprétation très juste. Lire notre critique ici.
https://www.youtube.com/watch?v=o5w80kJvuCw
Blue Valentine de Derek Cianfrance (2010)
Après Une Fiancée pas comme les autres (2008), une nouvelle jolie comédie romantique indé, où Gosling nous fait découvrir un charme folk fait de cheveux ébouriffés et de sérénades au ukulélé. Nommé aux Golden Globes et présenté à Cannes, dans la section Un certain regard. Lire notre critique ici.
>> A lire aussi : “Only God Forgives” : un film d’une noirceur prégnante et séduisante
Drive de Nicolas Winding Refn (2011)
Un regard, un jean moulant, et une veste en cuir kitschissime. Le tout dans l’univers métallique et ultra saturé de Nicolas Winding Refn. Le pitch est une variation autour d’un transporteur à l’âme de chevalier moderne, le parti pris est celui de l’envoûtement fétichiste, de la tension latente, et de la violence brute d’un Ryan à la tête d’ange déchu. Lire notre critique ici.
The Place Beyond the Pines de Derek Cianfrance (2012)
En plein univers gentiment white trash, Ryan Gosling utilise l’aura de Drive pour incarner un autre cascadeur-braqueur, mais cette fois-ci à moto et beaucoup plus maladroit dans ses prises de responsabilités. Implantant son personnage stéréotypé à l’extrême, sa présence plane également sur toute la partie narrative du long métrage. Lire notre critique ici.
Gangster Squad de Ruben Fleischer (2013)
Un amas de violence sonore et visuelle sur fond de lutte entre flics affranchis et mafieux. Malgré un casting séduisant et un décor soigneusement rétro, Gosling, dans ce film sans âme, peine à rendre humain un rôle tout en postures et en répliques froides. Lire notre critique ici.
Only God Forgives de Nicolas Winding Refn (2013)
Nicolas Winding Refn/Ryan Gosling, acte II. Retour dans ce film de genre, se situant cette fois dans les bas-fonds de Bangkok, et portant aux nues un esthétisme beauf miraculeusement incrusté dans une veine chaude techno. Lire notre critique ici.
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