Two Dancers

Les esprits les plus clairs se souviennent peut-être de Geneva, formation indie des années britpop menée par un jeune homme à la voix haut perchée qui aurait pu être le cousin spirituel de Kate Bush et Farinelli. A ceux qui auraient longtemps cherché un successeur à ce chanteur, disparu de la sphère musicale avec les nineties, on proposera aujourd’hui, pour cette même façon de fréquenter les sommets avec sa voix et de multiplier les envolées lyriques, Hayden Thorpe, le fascinant leader de Wild Beasts, groupe anglais auteur cet automne d’un deuxième album applaudi de partout au Royaume-Uni.

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On soutient l’engouement de la presse britannique pour ces musiciens : Wild Beasts a sorti un grand disque de guitares verglacées, explorant des univers déjà fréquentés par Elbow ou les Sparks, où les accords pop et le souci des harmonies se mettent au service du froid (Klaus Nomi, autre voix d’altitude, chantait lui-même The Cold Song, inspirée de l’air du Génie du froid de Purcell). Mélodies en cascade, basses groovy à souhait et refrains à bascule (le fastueux This Is Our Lot, un des meilleurs morceaux de l’année, qui à lui seul aurait pu sauver Morrissey) : ces Anglais-là sont bien plus passionnants que leur look de petits rockeurs de base. 

Dès l’inaugural et très aquatique The Fun Powder Plot, c’est une invitation à faire le grand huit entre les mélodies, sombres et abyssales, et le timbre de voix dominant de Hayden Thorpe – sorte de jeune Antony Hagerty sans les Johnsons et sans les plumes. De We Still Got the Taste Dancin’ on Our Tongues à l’imparable Howting and Howling, ce sont quelques-unes des plus enivrantes romances de 2009 que dévoile ce Two Dancers trouble et nocturne, parfaite bande originale de l’hiver et de la nuit, à faire passer les gars d’Interpol pour de joyeux saltimbanques. On ne donne pas trois mois à ces Bêtes Sauvages-là pour se faire apprivoiser.