Numérisation du cerveau, clonage reproductif… Le point sur les techniques scientifiques qui poursuivent un vieux rêve humain désormais à portée de main : l’immortalité.
Un évangéliste harangue une foule sur un vallon baigné de lumière. Dans un silence recueilli, l’auditoire, constitué exclusivement de personnes âgées, se voit prêcher la bonne parole et les promesses de vie éternelle propres au dogme chrétien. Mais, dans ce décor irréel où le temps semble arrêté, dans ce paradis infernal qu’est Sun City, petite ville d’Arizona uniquement peuplée de seniors fortunés et blancs, l’office religieux prend une dimension messianique.
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On jurerait que ces vieillards en polos Lacoste qui vivent entre eux, loin du bruit et de la fureur, ont déjà un pied dans l’éternité, tant la vie semble s’être figée dans ce présent indéfini et sans heurts. L’éternité, un fantasme inaccessible ? Un scénario flippant digne des pires dystopies de la SF ? Un miracle pour une poignée de croyants ?
Apôtres du transhumanisme
Et si l’immortalité ne faisait plus uniquement partie du domaine de la foi ? Les progrès considérables de la médecine, l’amélioration des conditions d’hygiène et de nutrition n’ont-ils pas déjà permis à l’homme de prolonger son espérance de vie ? La science etla technologie pourraient-elles un jour nous permettre de vaincre la mort ?
Quelle idéologie, quel modèle de société hantent ce vieux rêve, que caressent aujourd’hui les apôtres du transhumanisme, mais aussi les magnats de la Silicon Valley, Google en tête, qui depuis trois ans investissent des milliards dans les nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives (NBIC) et la recherche contre le vieillissement ?
Course terrifiante contre la mort
Evoluant sur le terrain mouvant de l’analyse scientifique et de la réflexion philosophique, le formidable documentaire de Sylvie Blum et Caroline Arrighi de Casanova dresse l’état des lieux pointu et passionnant de cette course terrifiante contre la mort.
On aborde la cryogénie (technique consistant à congeler et conserver dans une capsule le corps d’un défunt dans l’espoir de le régénérer un jour) ou le clonage reproductif (interdit chez l’homme, mais jusqu’à quand ?), en passant par les recherches sur la numérisation du cerveau, qui permettrait de le dupliquer, le télécharger sur un disque dur et pourquoi pas l’implanter dans le corps d’un robot humanoïde…
Et si le prix de l’éternité que visent les transhumanistes, prônant l’homme “augmenté” et son hybridation avec la machine, dans un mélange de scientisme eugéniste et de culte de la toute-puissance, aboutissait paradoxalement à la disparition de l’humanité ? Au fond, qu’elle relève de la croyance, de l’idéologie politique ou du possible qu’offre la science, la fin de la mort est un cauchemar sans fin.
Immortalité, dernière frontière documentaire de Sylvie Blum et Caroline Arrighi de Casanova. Mardi 12, 22 h 40, Arte
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