Echappée belle à Nashville pour Murat. Entouré de musiciens du terroir, il livre un album qui résiste en poésie à la country.
Un an à peine après Tristan, mais surtout dix ans après sa première escapade américaine avec Mustango, Jean-Louis Murat s’exile à nouveau outre-Atlantique pour son vingt-cinquième album. C’est à Nashville et au studio Ocean Way (refuge précédemment hanté par Willie Nelson, Dolly Parton ou The Raconteurs) que le loner a élu domicile. “Bizarrement, je n’ai jamais été un grand fan de countrymusic, explique-t-il. Mais ça fait une bonne dizaine d’années que j’avais cette envie-là : enregistrer à Nashville.”
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Il ne faut ainsi pas voir dans cette délocalisation une quelconque envie d’aller taquiner la mythologie country mais plutôt une envie d’ailleurs – de Steve Earle à Dylan, la ville est aussi un étonnant refuge d’outcasts, de nomades – elle est surtout une aventure humaine : solitaire militant, Jean-Louis Murat aime pourtant à s’entourer, et a donc tout naturellement convoqué une brochette de musiciens du coin (les guitaristes Dan Dugmore et Ilya Toshinskiy, la choriste Cherie Oakley).
Transposée à la terre échaudée du Tennessee, la veine lyrique du chanteur prend ici une ampleur toute nouvelle : Murat évite les écueils d’une production rutilante et aseptisée, réussissant le tour de force de mêler à la poussière et à la sueur ses envolées poétiques (“Au loin la lune est enfin levée/Chacun devra souffrir la mort/ Morne province morne Mont d’Or/Une dernière pluie vient nous murmurer/ On n’aime plus d’amour”).
Car Le Cours ordinaire des choses n’a d’ordinaire que son titre, chaque morceau développant une âme propre, épaulée par des arrangements flirtant ici avec le rock wasp (Comme un incendie), là avec des tribulations pop (M maudit), ailleurs avec des distorsions western (Comme un cowboy à l’âme fresh). “Chanter est ma façon d’errer”, lance Murat, qui bringuebale aujourd’hui, sans rien abandonner en chemin, son barda de spleen sur onze chansons bercées de souvenirs (Ginette Ramade) voire de nostalgie (Lady of Orcival), toutes portées par un vent chaud et humide.
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