Le Français de Bristol Frànçois Marry, alias François & the Atlas Mountains, dévoile un imaginaire pop ouvert à tous les courants musicaux.
Bristol, berceau du trip-hop : c’est avec cette formule, débitée à l’envi par les médias depuis le début des années 90, que l’office du tourisme de la cité portuaire anglaise sera sans doute tenté d’attirer les voyageurs mélomanes. Une image vendeuse, mais un brin dépassée et réductrice. Car Bristol, loin du panier de crabes londonien, s’est aussi affirmé comme un endroit à part, où la pratique du rock et de la pop invite moins à adhérer à un genre institué qu’à adopter un mode de vie collectif axé sur l’entraide et l’échange. Un esprit communautaire que des groupes comme Movietone, Crescent, Sleeping States ou Morning Star, la formation informelle du grand rêveur Jesse D. Vernon, défendent depuis une quinzaine d’années. C’est dans cet accueillant bouillon de culture que Frànçois Marry s’est plongé, un jour de 2003. Débarqué de sa Charente-Maritime en tant qu’assistant de français, cet autodidacte touche-à-tout découvre une ville prête à nourrir son imaginaire.
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“A La Rochelle, où j’étais étudiant, je n’avais pas vraiment d’affinités avec les musiciens du coin, raconte- t-il. Je voulais baser ma musique sur des ambiances, alors que la tendance locale était plutôt à la chanson traditionnelle ou au funk : personne ne comprenait trop les expérimentations que je faisais dans ma chambre. A Bristol, j’ai vite trouvé des petits concerts et croisé des musiciens qui, comme moi, ne suivaient pas des codes bien définis.” Ce goût pour le partage fonde toute la démarche de Frànçois Marry. Avec The Atlas Mountains, il concrétise l’idéal d’un phalanstère musical ouvert à toutes les âmes qui croisent sa route. Plaine inondable, le titre de son nouvel album, illustre de manière poétique son approche du songwriting : voilà un homme qui n’aime rien tant qu’être recouvert et fertilisé par les fluides de ses partenaires, les bonnes ondes et les doux remous que leur présence ne manque pas d’engendrer.
Adhérant à une esthétique plutôt pop, ses chansons – en anglais ou en français – ne s’inscrivent pourtant dans aucune école. Leurs orchestrations de piano, de guitare, de choeurs, de cordes ou de cuivres reposent moins sur un épais tissu d’influences que sur une fibre humaine unique. “Je ne marche pas par références. Etant d’abord un fan de musique à la base, je suis toujours ouvert à ce que les autres m’apportent. J’ai du mal à définir le style de mes chansons : c’est la musique de ma vie, des amitiés que je me fais.” Comme Her River Raves Recollections, un CD-R sorti simultanément par le label Another Record, Plaine inondable marque un retour aux sources, aux sens propre et figuré : dernièrement, Frànçois Marry est revenu passer du temps en Saintonge, sur les terres de son enfance baignées de rivières et bordées par l’océan.
“J’ai retrouvé la douceur des paysages français, des sensations difficiles à définir quand on en est éloigné. Pour moi, ça a aussi été un retour dans la musique de Satie et dans cette culture de la fin du XIXe siècle qui m’a toujours intéressé.” Une fois de plus, Marry s’est laissé porter par le courant des rencontres. Il a notamment invité un choeur féminin du Pays basque, dont les polyphonies lumineuses élargissent encore l’éventail de nuances de son écriture. Ces trouvailles comblent un songwriter qui, à défaut de rouler sur l’or, enrichit à chaque album son bagage musical et humain. Comme il le dit lui-même en conclusion : “Quitte à vivre chichement, autant être bien entouré.”
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