Si on nous avait dit un jour qu’Enrico Macias serait célébré dans ces pages, on aurait ri dédaigneusement, bêtement. Quand on a appris que quelques casse-cou(illes) allaient tripatouiller son répertoire à la sauce électronique, ce fut un concert de sarcasmes. Qui allait être le prochain sur la liste ? Didier Barbelivien, Yvette Horner, Herbert Leonard […]
Si on nous avait dit un jour qu’Enrico Macias serait célébré dans ces pages, on aurait ri dédaigneusement, bêtement. Quand on a appris que quelques casse-cou(illes) allaient tripatouiller son répertoire à la sauce électronique, ce fut un concert de sarcasmes. Qui allait être le prochain sur la liste ? Didier Barbelivien, Yvette Horner, Herbert Leonard ? Et puis l’album est arrivé et les rires se sont tus. Car il ne s’agit pas ici de donner une crédibilité rock à un artiste qui n’en a pas et qui s’en fout pas mal, volontairement inscrit dans la tradition du folklore arabe. Comme le dit parfaitement l’intéressé en exergue de l’expérience : « La musique appartient à tout le monde, la mienne comme celle des autres ; je ne suis pas le gardien de ce que j’ai écrit ou chanté. » Ainsi, les intervenants (hexagonaux et américains) ont appréhendé le répertoire de Macias comme une matière malléable, un fil conducteur ductile à souhait. Le chanteur s’est rapidement piqué au jeu, n’hésitant pas à retravailler telle partie de guitare ou de chant pour les adapter au fur et à mesure que les bandes arrivaient. La plupart des morceaux ont été reconstruits à partir de bandes live et le choix s’est naturellement porté sur les chansons les plus orientales. C’est aussi lui qui en ouverture de L’Oriental revisité par Bill Laswell fournit la clé d’accès au laboratoire. : « Je te vois venir, il te tarde de mettre l’Orient dans l’Occident, là. » Car c’est très exactement de ça qu’il s’agit : mettre le souk dans le couscoussier. On ne déplore ici aucun ratage. Le simoun s’est abattu sur les échantillonneurs, dispersant une chaleur torride et de séduisants grains de sa(b)le dans les morceaux les plus expérimentaux, toujours respectueux des racines nord-africaines du projet (Pitz, Cereal, Freddy Jay). Une mention particulière sera faite au Concorde Music Club, qui habille La Folle Espérance de haute couture viennoise (Kruder & Dormeister) et réussit l’exploit de faire sonner Enrico comme un diminutif idéal d’Ennio Morricone.
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