Episode 1 : la révélation. Dans le feuilleton des ‘’Panama Papers’’, nul ne sait combien d’épisodes il y aura. L’affaire, à l’écho immédiatement international, concerne la finance offshore et les paradis fiscaux. Mossack Fonseca, un cabinet prestataire de montage financier, possède un catalogue hétéroclite et étoffé de clients. Leurs identités ont déjà créé scandale, comme […]
Episode 1 : la révélation. Dans le feuilleton des ‘’Panama Papers’’, nul ne sait combien d’épisodes il y aura. L’affaire, à l’écho immédiatement international, concerne la finance offshore et les paradis fiscaux. Mossack Fonseca, un cabinet prestataire de montage financier, possède un catalogue hétéroclite et étoffé de clients. Leurs identités ont déjà créé scandale, comme pour le Premier ministre islandais. Le retentissement de l’enquête ne s’explique pas seulement à cause de ces noms mais aussi par son ampleur. Plusieurs centaines de journalistes ont travaillé de concert dans 76 pays différents. Décryptage d’une affaire inédite.
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Comment tout a commencé ?
L’enquête a pu être réalisée grâce à une source interne et anonyme du cabinet Mossack Fonseca (son identité est protégée). Ce lanceur d’alerte a communiqué à des journalistes allemands du quotidien Süddeutsche Zeitung des fichiers et des données confidentiels du cabinet spécialisé en montage financier de sociétés offshore.
Pour pouvoir analyser les 11,5 millions de fichiers obtenus, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et le journal allemand ont coordonné une enquête à dimension mondiale, menée avec leurs partenaires, soit 108 rédactions journalistiques situées dans le monde entier.
Leur travail a duré une année, afin d’examiner des milliers de documents (courriels, fichiers, images ou scan) et de retrouver l’identité des vrais propriétaires lorsque les astuces du montage financier les avaient soigneusement dissimulés. L’ICIJ a d’ailleurs créé une application interactive pour rendre plus accessible la multitude d’informations recueillies.
Le consortium établit précisément le profil des clients dont l’identité est d’intérêt public et détaille leur utilisation des sociétés extraterritoriales. Plus de 100 cas sont présentés. Parmi eux figurent 12 anciens ou actuels chefs d’Etat ou de gouvernement.
Que révèle l’enquête ?
Si son ampleur et son impact sont inédits, c’est en raison de la quantité d’acteurs concernés. Car nombreux sont les clients des 214 000 structures offshores liées à Mossack Fonseca. Issus de 55 pays différents, 140 leaders politiques et fonctionnaires ont été recensés comme ayant des avoirs dans des paradis fiscaux. Des chiffres cohérents compte tenu de l’activité du prestataire de services extraterritoriaux : ‘’Depuis 2000, Mossack Fonseca crée en moyenne 9 000 sociétés offshore par an. Mais 2005 est une année faste puisque plus de 13 000 sociétés ou fondations ont été créées cette année-là’’, détaille Le Monde.
Qui est concerné ?
Les personnages publics suscitent toujours de l’intérêt. Pour l’instant, la plupart d’entre eux appartiennent à la sphère politique : Le roi Salman d’Arabie saoudite, le président argentin Mauricio Macri et celui de l’Ukraine Petro Porochenko ainsi que le Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson. Les liens avec Mossack Fonseca sont plus ou moins directs, puisque dans le cas de Vladimir Poutine par exemple, c’est le nom de son ami intime Sergueï Roldouquine qui apparaît dans les documents. De même Bachar Al-Assad et son cousin Rami Makhlouf.
Aux côtés des personnalités politiques, d’autres font aussi scandale comme le footballeur Lionel Messi et Michel Platini, ancien président de l’UEFA. En France, Jérôme Cahuzac, le couple Balkany, et Patrick Drahi sont en ligne de mire.
Sur son application, l’ICIJ spécifie qu’elle a contacté toutes les personnes apparaissant pour leur donner un droit de réponse : ‘’Les réponses que nous avons reçues accompagnent les profils.’’
Quel est l’enjeu ?
‘’Il existe toutefois des usages légitimes des sociétés offshore, et nous n’entendons pas affirmer que les personnes ou entités mentionnées dans l’application ont enfreint la loi’’, précise l’ICIJ.
Car l’évasion fiscale n’est pas nécessairement une fraude. Pour qu’elle n’en soit pas une, l’optimisation doit être faite en utilisant des moyens légaux (en repérant par exemple les failles dans le système juridique).
C’est déplacer des capitaux dans des juridictions étrangères sans le déclarer au fisc qui constitue une fraude fiscale. Tout l’enjeu sera donc de déterminer si les personnes concernées par ces sociétés offshores, le font dans l’illégalité ou non.
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