Sauvée par des moments de grâce époustouflants, la sixième saison de The Walking Dead a néanmoins montré quelques signes de faiblesse ainsi qu’une sérieuse tendance à se répéter.
[Cet article contient des spoilers sur toute la saison 6 de The Walking Dead]
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Les genoux à terre, le regard dans le vide, les épaules tremblantes, les onze personnages forment une ligne maladroite. Rick, Carl, Maggy et les autres ont été kidnappés, encore. Leur vie est en danger, encore. Et pour la première fois depuis le début des Walking Dead il y a six ans, on se demande si leur décès serait vraiment une grande perte. Si le nouveau « grand méchant » Negan les abattait tous, sur le champ, souffrirait-on avec la même intensité que lorsque l’on découvrait avec stupeur que la petite Sophia était devenue un zombie ? Ou quand Lizzie se faisait exécuter d’une balle dans la tête par sa « nounou » Carol ?
Cette désaffection est le résultat d’une évolution pourtant salutaire. Alors qu’aux débuts du programme, les protagonistes pouvaient tergiverser pendant des jours avant d’achever un zombie, ils n’hésitent plus à exterminer tout ce qui bouge, même les vivants. « You are alive », prévient un message grossièrement dessiné sur une pancarte au début du dernier épisode. Entendre : si vous arrivez à lire ce message, vous êtes encore en vie, et cela tient du miracle. Sauf que cette ode à la vie arrive tard, presque comme un cheveu sur la soupe, alors que le discours général porté par cette saison était calqué sur la maxime « tuer avant d’être tués ».
Une énième bataille entre mâles alpha
Rick et ses camarades n’ont plus aucune pitié, et donc plus aucune limite. A force de s’être fait avoir par d’autres groupes, ils en sont venus à penser que les vivants étaient plus dangereux que les morts. Pour la première fois, ils organisent ainsi un raid dans le QG d’autres rescapés pour les tuer dans leur sommeil, dans un des (trop rares) très beaux épisodes de la saison. La perte de tous repères moraux semblait inévitable mais a été amenée maladroitement, à l’image de la transformation de Rick, d’homme torturé à tête brûlée sans état d’âme.
On espérait que cette saison guiderait doucement les téléspectateurs vers un nouveau volet exaltant ; que les personnages deviendraient les bourreaux qu’ils devaient jadis combattre, et terroriseraient d’autres groupes de candides rescapés. Mais cette fin de saison augure plutôt d’une énième bataille entre mâles alpha. On découvre Negan (Jeffrey Dean Morgan), un nouveau vilain aux attitudes calquées sur celles du feu Gouverneur. A quand un grand ennemi qui n’arborera pas une assurance déplacée, un sourire goguenard et une suffisance facile à mépriser ?
Au fil de la saison, la série s’est fait une spécialité de faire croire à la mort de ses personnages principaux. D’abord Glenn – dont le sort est resté en suspens deux semaines –, puis Daryl à la fin de l’avant-dernier épisode. Aussi, construire le cliffhanger de cet ultime épisode autour de l’unique question « qui va se faire tuer? », alors même que les Rosita et autres Eugene sont parfaitement dispensables, est insuffisant au regard des précédentes fins de saisons (le discours « nous ne sommes plus une démocratie » de la saison 2, la destruction de Terminus de la quatrième).
Quelques excellents épisodes
Seuls quelques moments de grâce ont réussi à sauver cette saison en demi-teinte, du très long (1h30) épisode 4 (He’s not here) dédié au parcours de Morgan à l’incroyable bataille de la mi-saison, furieusement cathartique, où Rick parvient à exhorter une poignée d’hommes et femmes à se battre contre des centaines de zombies.
Mais c’est surtout Carol qui, loin, très loin devant les autres protagonistes, sublime chaque épisode et finit par porter la série à elle seule. Devenue maîtresse dans l’art de se faire passer pour une quinquagénaire inoffensive pour mieux décimer ses ennemis, elle apporte de la profondeur et de la nuance là où les autres personnages sont survolés, voire oubliés (on n’est pas loin de lancer un avis de recherche pour retrouver Michonne). Coïncidence ou signe du destin ? Elle ne faisait pas partie des onze personnages alignés, sur le point de mourir, dans la scène finale du dernier épisode.
The Walking Dead, saison 6, en H+24 sur OCS
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