Les rumeurs, les attentes, les espoirs : quelle sera la vingtaine de films en Compétition au prochain festival de Cannes ? L’annonce sera faite lors d’une conférence de presse le 14 avril prochain.
A moins de quinze jours de l’annonce des films de la compétition, la pression culmine dans les officines du cinéma français. Premier enjeu de taille : quels films hexagonaux concourront cette année pour la Palme ? L’offre est pléthorique et compte au moins une demi-douzaine de favoris. D’un côté, les habitués. Parmi eux, Bertrand Bonello (déjà trois fois en compète) pour Nocturama, la chronique sur la préparation puis l’exécution d’attentats aux explosifs dans Paris. Puis Olivier Assayas (quatre fois en compète) pour Personnal shopper, ghost story dans les milieux de la mode parisienne. Le cinéaste y retrouve sa comédienne de Sils Maria, Kristen Stewart. Bruno Dumont, lui, n’a été en compétition que deux fois, mais a obtenu avec L’humanité, un Grand Prix et un double prix d’interprétation. On pourrait le retrouver cette année avec Ma loute, un thriller trash en costumes Belle époque, entre Feydeau et Jérome Bosch. Fabrice Luchini, Juliette Binoche et Valeria Bruni-Tedeschi y campent une communauté de bourgeois emportée dans une ténébreuse affaire criminelle.
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Face à ces cinéastes multi-sélectionnés , les possibles nouveaux entrants se pressent aux portillons. Après avoir fait un carton à Un certain regard avec L’inconnu du lac, Alain Guiraudie connaitra probablement les lustres de la Compétition cette année avec Rester vertical (un titre qui augure de toutes les qualités érectiles du cinéma de son auteur).
Avec son casting de folie (Lily Rose Depp et Natalie Portman) et son sujet envoutant (les aventures de deux soeurs pratiquant l’hymnose dans le Paris des années 30), Planétarium de Rebecca Zlotowski a également toutes ses chances. Tout comme Réparer les vivants, adaptation du roman de Maylis de Kerengal par Katel Quilleveré. Autre adaptation d’un auteur contemporain français, Elle de Paul Verhoeven d’après Philippe Djian, dans lequel Isabelle Huppert est victime de viols à répétition. Le cinéaste hollandais, dont Elle est la première réalisation française, avait déjà concouru à Cannes, mais pour un film hollywoodien : Basic Instinct en 1992.
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Côté francophonie, il faudra probablement compter aussi avec Juste la fin du monde, adaptation par le québecois Xavier Dolan d’une pièce de Jean-Luc Lagarce, avec un casting intégralement français (Léa Seydoux, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Vincent Cassel, Nathalie Baye) et La fille inconnue des Belges Luc et Jean-Pierre Dardenne, également avec une comédienne française, Adèle Haenel.
Pedro Almodovar est au festival de Cannes ce que Leonardo Di Caprio a longtemps été aux Oscars : éternellement favori et éternellement éconduit. Il devrait concourir néanmoins une sixième fois pour la palme avec Julieta, nouveau portrait de femme à la croisée de plusieurs époques (des années 80 à aujourd’hui).
Le Roumain Cristian Mungiu, lui, a déjà eu la palme – en 2007, avec 4 mois, 3 semaines, 2 jours. Puis le Grand Prix en 2012 avec Au-delà des collines. On devrait logiquement retrouver ce chouchou cannois avec son nouvel opus, Fotografii de familie. Mais Mungiu n’est pas le seul Roumain dans la course : son confrère Cristi Puiu, auteur de la splendide Mort de Dante Lazarescu, présente aussi un nouveau film : Sierra Nevada.
Côté Asie : l’éternel Hirozaku Kore-Eda, seulement un an après la présentation de Notre petite soeur, a déjà un nouveau film prêt, After the storm. Le grand Kiyoshi Kurosawa a tourné un film en France, avec Tahar Rahim, La femme de la plaque argentique, et pourrait aussi se retrouver en Compétition. Le Coréen Park Chan-wook devrait quant à lui faire son come-back cannois, douze après son Grand Prix pour Old Boy, avec Fingersmith, annoncé comme un thriller lesbien.
Enfin, côté USA, Sean Penn est attendu avec The last Face, contant les amours de deux médecins en Afrique pour une mission humanitaire, interprétés par Javier Bardem et Charlize Theron (de retour à Cannes donc, un an après sa performance éblouissante de Mad Max Fury Road). Le prolifique et toujours inspiré Jeff Nichols, seulement trois mois après avoir présenté à Berlin Midnight Special, enchainerait avec la présentation cannoise de Loving, où il retrouve deux comédiens de son film précédent, Michael Shannon et l’excellent Joel Edgerton. Loving décrit les difficultés d’un couple interracial dans l’Amérique des années 60. L’anglaise Andrea Arnold (Fish Tank) revient avec son premier film aux USA, American honey, interprété par Shia LaBoeuf.
Le Danois d’Hoolywood Nicolas Winding Refn (Drive) confronte Elle Fanning et Keanu Reeves dans The neon demon, l’histoire d’une jeune top-model aux prises avec des harpies qui veulent s’emparer de sa jeunesse et sa beauté. Révélé à la Quinzaine des réalisateurs avec Whiplash en 2014, le jeune Damien Chazelle pourrait être upgradé en Compétition La La Land, nouvelle incursion dans les milieux du jazz, avec cette fois Emma Stone et Ryan Gosling autour de JK Simmons (le martial prof de batterie de Whiplash).
Enfin, après avoir été le cinéaste le plus rare du monde, Terrence Malick a toujours une ou deux fresques cosmogoniques sous le bras : cette année, Weightless, dont on ne sait pas grand chose sinon qu’y figurent Ryan Gossling, Nathalie Portman, Christian Bale, Kate Blanchett… Et aussi Voyage of time, documentaire sur rien moins que l’histoire de l’univers, de sa naissance à sa mort, avec Brad Pitt en narrateur.
Parmi tous ces titres, certains seront effectivement en Compétition, d’autres probablement dans une sections parallèle. La Sélection officielle donnera la liste des films qu’elle a retenu le 14 avril prochain. Deux jours plus tard, le 18 avril, ce sera au tour de La semaine de la critique. Et enfin la Quinzaine des réalisateurs fermera la marche en annonçant son programme le 19 avril.
Jean-Marc Lalanne
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