Compte rendu en image de l’édition 2006 du By:larm, dynamique festival norvégien présentant de jeunes talents venus de toute l’Europe, dont une triplette de groupes ayant fait le déplacement depuis la France.
Cette année, c’est à Tromsö, au nord de la Norvège, que s’est déroulée la nouvelle édition du festival By:Larm début février. A la fois festival de découverte de jeunes talents et lieu de rencontre des professionnels de la musique européen, By:Larm – prononcez [bularm], pour ne pas passer pour un busard auprès de la faune locale ? est un peu l’équivalent de notre MIDEM national ou plus justement encore, du Noordeeslag weekend dont mon collègue Laurent Lafon vous a conté les mérites il y a quelques semaines (cf l’article en lien). Après Bertrand Burgalat, Readymade, Telepopmusik, Bed, Gomm ou encore X Makeena, notre pays était de nouveau bien représenté cette année avec un beau plateau français, parrainé par Les Inrocks, où se sont notamment distingués Rhesus, Fugu et Zenzile.
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Sachez le, rien n’est moins simple que de se rendre aux portes de l’Arctique. Pour preuve, le trajet aller, via Scandinavian Airlines, avec ses deux changements (un à Copenhague et l’autre à Oslo), qui s’est transformé en périple éreintant, dû à un retard d’une heure au départ du premier avion. Ces 17 heures de voyage, heureusement passées en compagnie des rigolos Fugu et du très énervé ingénieur du son des Zenzile, auront presque eu raison de ma volonté.
A peine arrivée à Tromsö, la dernière soirée du festival est d’ailleurs bien entamée. A peine le temps de poser le sac que l’on courre déjà au Kulturhuset, étrange bâtiment de verre et centre névralgique du festival, où pas moins de trois scènes différentes sont disséminés. Pas le temps de traîner, car les grenoblois de Rhesus ont déjà pris la scène, pour un court set d’une demie heure dont on verra néanmoins une bonne moitié. Particulièrement à l’aise, Aurélien, Simon et Laura, y démontreront tout leur savoir faire pop, avec toujours cette énergie de jeunes chiens fous et ce sens innée de la dynamique qui font de leurs concerts un bel exercice de haute voltige.
C’est avec deux cordes en moins sur sa guitare qu’Aurélien se lance tête baissée dans l’aventureux Shooting Star. A peine handicapé par ce manque, il en profitera pour martyriser sa guitare à coup de larsen stridents avant de finir le concert à genoux en continuant de maltraiter son instrument. Je retrouve le groupe en coulisse peu après : content de leur prestation malgré un public plutôt timide, les trois Rhesus vont pouvoir commencer à s’aventurer dans les ruelles verglacés de Tromsö pour jauger de la concurrence.
Dans la salle à coté, le belge Dijf Sanders commence son concert dans une drôle de configuration : ce sympathique flamand, équipé d’un synthé et de divers objets non identifiés, est en effet assisté par un type au saxo et un autre au Korg. Le résultat, plutôt intriguant mais très bien agencé, me fait penser à un mélange gonflé entre Tom Waits, Kraftwerk et les agitateurs oubliés de Soul Coughing.
Après ce drôle de concert, toute la foule se dirige vers la grande salle du Kulturhuset où le concert de « la Jennifer Lopez norvégienne » (sic), Mira Craig, devrait s’attirer les faveurs de tous les amateurs de trémoussement du bassin. Je passe mon tour pour aller rejoindre le meilleur ami du festivalier en goguette, l’inévitable kebab (la version locale avec ses grains de maïs s’il vous plait, pour la modique somme de 10?) tout en lisant le programme des séminaires qui ont agité la ville ces derniers jours.
Les journalistes et autres professionnels du disque ont pu ainsi se rencontrer par un système de « speed meetings » (équivalent pro du speed dating !), assister à des conférences aux titres aussi ronflant que « le future de la musique ? » ou « Comment naviguer dans les courants complexes de l’industrie du disque américaine » et même écouter les diatribes de types aussi intéressants que Robert Leinders-Buttazzoni (attaché de presse de la chaine Hard Rock Café, l’horreur).
Quelques événements auraient pu être intéressants, notamment une conférence de Richard Hell (oui oui, le vrai) venu raconter les premières années du CBGB, ou une autre avec Don Letts, musicien chez Big Audio Dynamite et manager des Slits, mais au final, j’avoue être presque content d’avoir évité tout cela.
La dernière bouchée du kebab avalée, c’est au Storsalen que l’on se rend pour voir le très attendu duo Frost. En chemin, je croise un trio musical qui, malgré la température pas très élevé, joue au beau milieu de la rue. Les norvégiens n’ont décidement pas froid aux yeux ! Formé par la sculpturale Aggie Peterson et son camarade Per Martinsen. Ces copains d’un autre fameux duo norvégien, Royksopp, peineront cependant à nous convaincre, tant leur duo voix batterie, secondé par un nombre de bandes enregistrées à la limite du foutage de gueule, tombe à plat. Passons.
Surtout que nos copains de Fugu sont déjà sur la scène Verkstedet pour présenter leur premier album, As found, sorti sur Third Side Records à la fin de l’année dernière. Malgré la fatigue, Mehdi et ses musiciens assureront avec brio leur concert, amenant le public à découvrir leurs chansons ensoleillées. On pense souvent à l’américain Ben Folds pour cette capacité à sucrer avec passion les mélodies, tout en gardant une énergie qui évite que l’ensemble ne sombre dans la surcharge.
Après ce délicieux intermède, on tente d’aller découvrir sur scène la star locale Ralph Myerz & The Jack Herren Band. Mais le concert de ce batteur diabolique, accompagné pour l’occasion par les stone rockers de WE, sera tout bonnement inaccessible, toute la faune locale s’étant donné rendez-vous dans la pourtant plus grande salle du festival, le Storsalen.
Les couloirs et grands escaliers du Kulturhuset commencent à être le théâtre de drôle de scène : Norvège oblige, l’éthylisme général atteint des proportions alarmantes, l’autochtone titube, renverse sa bière et parle (très) fort. On repense alors aux belles phrases à propos de Tromsö glanées sur le web avant le départ : « Tromsö, charmante ville étudiante qui a plus de bars que de nombre d’habitants’ » (sic).
On réinvestit le sous-sol au moment où les frenchy de Zenzile monte sur scène. La salle est bien remplie et on s’aperçoit rapidement que nos camarades electro-dub d’Angers n’ont pas usurpé leur titre de « sorciers du son ». Sur le devant de la scène, l’impressionnant Matthieu conduit l’ensemble avec des lignes de basses puissantes et terriblement groovy. A ses cotés, la féline chanteuse Jamika, particulièrement en forme, harangue la foule. On reste ainsi quelques temps devant la scène à se dandiner au son littéralement prenant du groupe. On me montre dans la foule un type avec deux pintes de bières à la main, les yeux écarquillés, totalement possédé par la musique de Zenzile. Cet anglais, programmateur du gigantesque festival Glastonbury, ne semble pas perdre une miette du concert
On quitte donc la salle plutôt content pour Zenzile et on file vers le Rica Hall, un bel hôtel sur le port, qui accueille ce soir une scène anglaise sélectionné par nos confrère du NME. Les concerts se déroulent dans la salle de conférence (belle moquette au sol, lustres au plafond, plantes vertes au quatre coins de la pièce, on croit rêver), pas trop habitué à voir débarquer une armée d’alcoolique et des groupes de rock’n’roll bruyants. On a malheureusement raté la prestation des jeunots de !Forward Russia! mais pas l’essentiel, car à peine dans la salle, les Cribs montent sur scène.
Ce trio de punk-pop anglais, croisement réussi (c’était pas gagné?) entre Green Day et les Libertines, dont nous vous avions parlé l’année dernière à l’occasion de la sortie de leur irrésistible album The New Fellas, joue ce soir en tête d’affiche. Je retrouve les Rhesus, plantés au premier rang et apparemment ravis de découvrir le groupe sur scène et pas du tout déstabilisé par la puissance sonore qui sort des enceintes (ils m’expliqueront avoir demandé à l’ingénieur du son quelle était la limite en décibel autorisée par la salle, réponse de l’intéressé : « une limite ? Quelle limite ? »). Déroulant leur petite tripotée de tubes (Hey Scenesters, Mirror Kisses et le génial We can no longer cheat you?) avec une énergie et une roublardise 100% anglaise, les Cribs n’auront pas de mal à se mettre la salle de la poche. S’écartant au fur et à mesure des enceintes, on ira trouver refuge au fond de la salle, profitant des dernières facéties du groupe avant de rentrer à l’hôtel.
Le lendemain, le festival est terminé : avant de repartir, on jette tout de même un œil à la ville, paysage surréaliste que l’on emportera avec nous à Paris’
Un grand merci à Wilfred pour son aide précieuse !
Plus d’infos sur le By:Larm : www.bylarm.no
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