La mairie de Paris envisage de supprimer les cours de musique individuels dans ses Centres d’animation. Un sale coup pour la culture, et une menace pour l’emploi de nombreux professeurs.
Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête des édiles de la mairie de Paris, qui se targuent pourtant de mettre au premier plan la culture, facteur indispensable de lien social et de développement individuel ?
En annonçant la suppression à partir de la rentrée de septembre 2016 des cours de musique individuels et semi-collectifs dans ses Centres d’animation, pour les remplacer par des cours collectifs d’au moins six élèves par heure, la ville de Paris fait un sale coup à la musique en général et à de nombreux enseignants en particulier, qui risquent de se retrouver au chômage.
Alors que les conservatoires municipaux sont submergés de demandes d’inscriptions non satisfaites, au point qu’on envisage des inscriptions par tirage au sort, alors que souvent ils ne proposent pas d’enseignements spécifiques pour des styles contemporains comme le jazz, le rock ou la pop, les centres d’animation représentent une excellente alternative pour répondre à la demande des très nombreux Parisiens, de tous les âges, qui souhaitent débuter ou améliorer la pratique d’un instrument.
Car avant de monter son groupe de rock, son quintet de jazz ou son quatuor à cordes, il est indispensable d’apprendre à maîtriser son instrument et donc de prendre des leçons avec des profs expérimentés. Et on voit mal comment un enseignant motivé pourrait s’occuper sérieusement, en une heure de cours, de six élèves à la fois, allant du gamin débutant amené par ses parents, à l’étudiant surbooké ou au préretraité qui veut profiter de son temps retrouvé pour renouer enfin avec sa passion.
Une manifestation dimanche 27 mars
Depuis l’annonce de cette décision, une pétition pour le maintien des cours individuels d’instruments a déjà reçu plus de 500 signatures, une manifestation a eu lieu en février et une autre est prévue demain, dimanche 27 mars, place du Châtelet, afin de peser sur le vote prévu au conseil de Paris la semaine prochaine.
Selon Pauline Véron, adjointe à la Maire de Paris en charge notamment de la vie associative et de la jeunesse., interrogée par Le Parisien, les centres d’animation sont destinés à étendre leurs activités et à accueillir davantage de participants : “Pour cela, nous devons supprimer les cours individuels afin d’augmenter nos capacités d’accueil”.
L’éducation populaire ne signifie pas éducation au rabais
Pourtant cette décision ne fait pas l’unanimité à la mairie, même parmi les élus de gauche. Ainsi pour Eric Thébault, maire-adjoint chargé de la culture et membre du groupe des élu-es écologistes et citoyen-nes du XIXe, “la suppression brutale des cours individuels de musique dans les centres d’animation ne peut tenir lieu de réforme.”
Plus généralement, les enseignants s’interrogent sur les choix fondamentaux concernant la culture et l’éducation. Comme l’affirme sur France Musique un professeur qui tient à garder l’anonymat : “Ce qui est en plus très dangereux, c’est de confondre ‘éducation populaire’ et ‘éducation au rabais’. Parce que ce qui est un véritable enseignement populaire, c’est d’assurer aux amateurs une formation de qualité.”