Ou pourquoi la poupée demeure la source de projets artistiques et de questionnements sociaux.
C’est bien connu, Barbie sait tout faire. Ci-dessus, nous avons sa variante “Barbie étudiante à l’Ecole du Louvre”, qui, entre deux Botticelli, va se promener dans un musée à sa taille, accoutrée d’un crop-top laissant admirer un nombril digne de la Naissance de Vénus et d’un sac Hermès (pratique pour glisser le dernier numéro d’Art in America).
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Cette image est l’œuvre de Stéphane Kouchian, Barbie – Visite au musée, une série de coffrets subversive où la poupée déambule dans une galerie remplie d’œuvres de l’artiste en miniature.
Femme au foyer
Citant librement La boîte-en-valise de Marcel Duchamp, Kouchian expose le pouvoir de notre belle blonde : une mise en abyme glaçante de la condition féminine et de la société dans laquelle elle évolue.
Les tentatives pour en faire l’égale de l’homme (en chair ou en plastique) ne manquent pas. Astreinte à une vie de femme au foyer dès sa naissance en 1959, Barbie deviendra, au fil des années, candidate à des élections présidentielles imaginaires, astronaute, footballeuse et chancelière (dans un coffret réservé à l’Allemagne).
Héroïne en silicone
Mattel fait de ses prouesses professionnelles un hashtag quasi existentiel : #youcanbeanything. Devenue femme de l’ère Yes You Can, rien n’arrête notre héroïne en silicone.
Pourtant, des projets indépendants mettent en évidence ses limitations. Chez Stéphane Kouchian, on peut lire un parallèle entre la marchandisation du monde de l’art et du corps, un lieu de consommation uniformisée.
Vague de controverses
Avec son projet Sociality Barbie, un compte Instagram parodiant la culture hipster, la photographe américaine Darby Cisneros imagine la poupée en train de savourer des latte en lisant un magazine sur l’artisanat – et questionne la construction de l’authenticité et la mise en scène de l’intimité en plein boom 3.0.
Les médias aussi se penchent sur la place de cette féminité lissée : la couverture de Time en février, dédiée aux nouvelles poupées aux physiques revus, vaguement plus rondes et diversifiées – qui se heurtent sans surprise à une vague de controverses.
Cindy Sherman
Toujours trop lisses, normées, girly, celles-ci ne présentent qu’une variété superficielle et consumériste de la féminité. Et rappellent le hic majeur du jouet : qu’on lui enlève ou rajoute deux centimètres de jambe ou de tour de cuisse, Barbie présente une féminité centrée sur l’apparence.
Ses multiples professions ne sont que des panoplies destinées à mettre son physique en valeur. Si les jouets pour garçons répondent à une fonction vitale (pompier, guerrier), la sienne est encore et toujours d’exister en tant qu’éternel féminin. A quand une Barbie Cindy Sherman ?
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