Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale a été un des premiers à réagir aux attentats avec un tweet écrit la veille. Du moins l’a–t-il prétendu pour sa défense.
Moins d’une heure. C’est le délai que tu t’es grassement octroyé entre l’explosion de la première valise piégée à l’aéroport de Bruxelles et l’allumage d’une pitoyable mèche de propagande franco-franchouillarde. La rame du métro de la station Maelbeek n’avait pas encore été pulvérisée, les cadavres et les blessés de Zaventem gisaient encore sous les décombres et dans les hôpitaux de fortune que tu prenais déjà la tête, sur Twitter, d’une petite délégation prompte à ramasser quelques débris à des fins personnelles.
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A tes côtés, on apercevait Robert Ménard, illustre représentant de Charognards sans frontières, qui suspectait avec une belle clairvoyance que les attentats n’étaient pas “l’œuvre de militants néonazis”, disculpant ainsi par prévention certains de ses proches. Pas loin non plus, Nadine Morano, digne représentante de la France qui se lève tôt pour dire des conneries avant les autres, accusait le gouvernement français de n’avoir pas protégé les citoyens belges de l’horreur qui les frappait en tweetant : “3 millions d’€ pour une campagne de com du gouvernement auraient été plus efficaces à la sécurité des Français.” De l’humour surréaliste, sans doute.
Recracheur de couleuvres gouvernementales
Mais, premier sur le podium, on découvrait donc ton petit gazouillis à toi, le président du groupe PS à l’Assemblée : “Attentats terroristes et protection de notre pays, la droite sénatoriale qui bloque la révision constitutionnelle est irresponsable.” Il est vrai qu’au moins trois des quatre kamikazes identifiés depuis, lassés de voir ces feignasses de sénateurs tortiller de la morale autour de la question de la déchéance probable de leur nationalité, avaient choisi ce matin-là d’en précipiter les débats en se faisant sauter le caisson sans présenter leurs papiers à la préfecture.
Petit soldat matinal de la doxa gouvernementale, mon Bruno, on te voit sur les écrans depuis des mois, recrachant sans sourciller toutes les couleuvres que tes copains Valls et Hollande te forcent à avaler. Tu sembles si usé par ces digestions douloureuses et ces réveils aux aurores que tu prétendras, un peu plus tard dans la journée, avoir rédigé le tweet incriminé… la veille au soir.
Belle intuition, Nono, tu devrais ouvrir un cabinet de voyance ou tenter le pactole à l’Euromillions ! Ainsi, la veille des carnages, entre la rediff d’un épisode des Experts et la lecture de quelques pages des mémoires de Jean Poperen, tu t’es dit “tiens, et si je taillais pour demain première heure un petit cure-dents à planter dans le gros culs des sénateurs, histoire de me faire une journée de buzz sur le dos de la vilaine droite qui rechigne à voter un truc spécialement fait pour elle ?” Manque de bol, coïncidence fâcheuse, au même moment des mecs étaient en train de boucler des valises pour un trip Bruxelles/au-delà sans billet de retour. Aux uns comme aux autres, il est des nuits qui devraient mieux porter conseil.
Je t’embrasse pas, tu te lèves trop tôt.
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