Les problématiques et modalités du cinéma de guerre français expliquées par ses auteurs, de Bertrand Tavernier à Bruno Dumont.
Au départ, quelques plans de Paris by night et, sporadiquement, des séquences filmées dans des bois où des hommes vêtus en militaires simulent des attaques. Cela constitue les intermèdes de ce documentaire du critique Jean-Baptiste Thoret, qui a interrogé un panel de cinéastes français sur leur façon de filmer la guerre.
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C’est assez déroutant de la part de Thoret, connu comme spécialiste du cinéma américain. De plus, le film de guerre, comme le polar et le western, est avant tout une spécialité hollywoodienne. C’est si vrai que les cinéastes rencontrés (Cogitore, Tavernier, Siri, Jeunet, Dumont, etc.) se sentent obligés de recourir à des exemples américains pour définir leurs propres choix et méthodes.
La référence d’Il faut sauver le soldat Ryan
Jean-Pierre Jeunet ou Bertrand Tavernier, par exemple, se réfèrent précisément à Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg (notamment pour le style de filmage, les explosions et le travail sonore). Bruno Dumont, lui, explique comment il en a pris le contre-pied dans Flandres (en refusant de bruiter les fusillades). Une chose est pourtant claire : malgré tous les efforts de ces cinéastes français, leurs films de guerre, en dehors de quelques exceptions, sont oubliés.
Pour reprendre certains exemples choisis ici, Démineurs de Kathryn Bigelow ou La Chute du faucon noir de Ridley Scott sont entrés dans les anthologies, contrairement à Capitaine Conan de Bertrand Tavernier ou à L’Ennemi intime de Florent-Emilio Siri. La cerise sur le gâteau du documentaire étant l’intervention succincte mais piquante de Jean-Luc Godard, qui a illustré la guerre sous forme d’allégories ou de fables (dans Les Carabiniers ou For Ever Mozart), sans vraiment s’immerger dans le genre.
Le dernier Mohican de la Nouvelle Vague réagit aussi aux modèles américains – se gaussant par exemple de Samuel Fuller –, puis, toujours jusqu’au-boutiste, il pousse le bouchon assez loin en donnant une leçon de cinéma à Daech. Pour Godard, les vidéos sadiques de l’hydre islamique ne sont pas “impressionnantes” comme une scène de torture filmée par Roberto Rossellini. Sacré Jean-Luc !
En ligne de mire – Comment filmer la guerre ? de Jean-Baptiste Thoret. Jeudi 31, 23 h 55, Canal+Cinéma
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