De retour sur les podiums, l’imaginaire motard raconte une envie d’ailleurs et une nouvelle mobilité quotidienne.
Enveloppée de cuir et de détermination, notre héroïne ci-dessus presse le pas. Sa moto l’attend au bout du catwalk, pour l’amener faire un tour du monde hors des parcours balisés du Guide du routard.
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Sa tenue, comme le restant de la collection Chloé automne-hiver 2016 dont elle provient, est une citation directe de la garde-robe d’Anne-France Dautheville. Cette Française se fit connaître dans les années 70 pour ses multiples voyages à travers le monde à moto, en solo : Afghanistan, Iran, Sahara…
Totem de l’anticonformisme
Elle était vêtue de trenchcoats en cuir ceinturés, de couvertures bédouines, de salopettes étroites et de ponchos, comme on en découvre sur ce podium. Clare Waight Keller, directrice de création de la marque, souhaite “restaurer un esprit d’aventure à la fois garçonne et romantique”. En effet, si les modes autour de l’univers de la moto ne sont pas nouvelles, celle-ci conte une tout autre histoire.
Pour beaucoup, le terme et la mode biker évoquent les Hells Angels et un imaginaire avant tout masculin. Marlon Brando dans L’Equipée sauvage (László Benedek, 1953), puis les rockeurs et les punks contribuèrent à élever la moto au statut de totem de l’anticonformisme, promesse d’une mobilité alternative.
Prendre ses jambes à son cou
Cet imaginaire masculin agressif est repris par le luxe à de nombreuses reprises : par Vivienne Westwood, puis Nicolas Ghesquière chez Balenciaga (et revu de façon monogrammée ces dernières saisons chez Louis Vuitton, dont il est à présent le directeur artistique), ou encore en version haute couture pour Bouchra Jarrar.
De la moto, Clare Waight Keller retient la souplesse tout-climat et tout-terrain, à la sensualité inattendue. Du cuir comme une seconde peau sur de la soie, sans gimmicks ou gros zips virils, pour une tenue portée en total look : c’est à la fois un vêtement d’intérieur et d’extérieur. Pas besoin de se dévêtir en entrant dans une pièce. Mais on peut également prendre ses jambes à son cou à tout instant.
Sans peur
Combinant une variation de besoins, cette silhouette assure une fluidité entre toutes les phases de la vie et de la journée. Difficile de ne pas penser à l’évolution du monde du travail, à sa perte de rôles (et d’uniformes) classiques, et à son caractère plus mobile que jamais.
Quant à l’esprit d’aventure tel que l’évoque la créatrice, il traduit une recherche d’échappatoire à la dureté du monde contemporain : partir comme Anne-France Dautheville, loin, seule et longtemps, sans peur (ni crainte de ne pas être joignable), voici une promesse alléchante que nous fait la motarde nouvelle génération.
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