Défoncé et joueur, du psychédélisme américain qui fait du bien.
Un comble : à force de photocopies de buvards et de larcins de plans de vol planés, même le psychédélisme est devenu routinier. Une carrière, laborieuse et consciencieuse, dans laquelle on se lance en suivant à la lettre les grimoires de Syd Barrett ou Roky Erickson. Pour évoquer les jeunes groupes, on n’a ainsi jamais autant parlé de psychédélisme qu’en 2009 : dommage que cette journée portes ouvertes de la perception, maaan, se fasse dans un tel ordre, une telle sagesse. Avec leurs guitares surf de marée noire, leur rockabilly décharné, leur pop lo-fi et malfaisante, ces Californiens sont les Monsieur Jourdain du psychédélisme : ils en jouent du furieux, du primitif, du brutal, du défoncé sans même le chercher ou le savoir – eux pensent être influencés par Ol’ Dirty Bastard et Lee “Scratch” Perry ! Compilation de huit CD-R fait main, ce premier véritable album, qui leur a déjà valu de tourner avec Devendra Banhart, est ainsi de son vivant, déjà, un trésor caché, une réédition d’un époque qui n’a jamais existé, un album sans âge et sans logique. Pas très loin des Anglais de The Coral ou, autrefois, des Américains Violent Femmes, un bol d’air – vicié, malsain, salvateur – quand même la pop barrée devient un régal calibré et prévisible. Loin du psychédélisme geek post-MGMT, les Growlers jouent des chansons enfin méchantes et idiotes, à la mords-moi-l’nerd.
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