L’année 2016 serait-elle synonyme de rédemption pour les fous furieux de la Fat White Family ? C’est ce qu’on pourrait penser en voyant le nouveau projet des leaders Lias Saoudi et Saul Adamczewski, où Sean Lennon apparait comme le saint sauveur des deux sauvageons.
Après une première collaboration pour le tout dernier album des « Fat White » Song For Our Mothers, Sean Lennon remet le couvert avec les deux “comrades in arms” ainsi que les musiciens Adrian Flanagan (Kings have long Arms), Dean Honer (I Monster) et l’actrice anglaise Maxine Peake. Le groupe Moonlandingz oscille entre le psychédélique punk et l’univers malsain de la B.O du film Trainspotting. Le 30 octobre dernier, un album-concept a vu le jour où vingt-deux titres – à ne pas surtout pas écouter en aléatoire – relatent l’histoire d’un groupe de rock fictif, The Moonlandingz donc, et celle de son leader Johnny Rocket. Maxine Peake, en groupie obsessionnelle, narre les aventures et extravagances du musicien névrosé, pervers et suicidaire, au fil de chaque morceau. Une suite de chansons confuses et complètement barrées. Avant un concert à Bristol, on a demandé à Saul, le guitariste, de nous éclairer un peu sur ce nouveau groupe qui le rend foutrement heureux.
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Salut Saul, dans quelques heures tu t’apprêtes à monter sur scène avec ce nouveau groupe encore méconnu en France. Tu pourrais nous en parler ?
Saul – Ca fait à peu près un an que le projet est né. Lias et moi, on a rejoint The Eccentronic Research Council, un groupe qui est le fruit d’une collaboration avec Adrian Flanagan, Dean Honer, ainsi que Maxine Peake. On a créé un album-concept, produit par notre propre label Without Consent et Sean Lennon. Mais on n’a pas cherché à faire de promo sur ce groupe, c’était pas ça le plan.
Dans une interview, Sean Lennon décrit cet album comme une “fantaisie fictive”. Qu’est ce que ça veut dire ?
Ouais totalement. Avec The Eccentronic Research Council, on augurait l’arrivée des Moonlandingz en conservant le personnage un peu psychopathe de Johnny Rocket, interprété par Lias. Cette fille (Maxine Peake) qu’on entend tout le temps, présente ce groupe imaginaire : The Moonlandingz.
Par moment on croirait presque entendre un conte pour enfants, sauf que l’histoire n’est pas du tout appropriée. Vu ce que raconte la narratrice dans l’album, ce Johnny a l’air aussi obscène que terrifiant et vicelard. Des adjectifs qui sont souvbent accolés aux Fat White. Cette image ne vous collerait pas à la peau ?
(rires) Ouais en quelques sortes, parfois. Mais en vrai, Johnny Rocket est bien plus terrible. Et son but dans la vie c’est d’être une sorte de réplique de David Bowie sous crack, rien de plus.
Au départ, le projet s’appelait donc The Eccentronic Research Council ; l’album contait l’histoire d’un band fictif appelé Moonlandingz et d’une fan traumatisée par le chanteur Johnny Rocket. Mais à présent quand vous montez sur scène, vous êtes qui ?
Nous sommes les Moonlandingz, The Eccentronic Research Council ça n’existe plus vraiment. Ce projet a juste permis de donner naissance à un nouveau groupe. Et on va même sortir un véritable album très bientôt. On ne connait pas encore la date de sortie mais on est super excités. Il y a plein de gens cool qui ont travaillé avec nous, dont Yoko Ono, et même Randy Jones, le cow boy moustachu des Village People. On n’est pas certains du titre, mais ce sera quelque chose avec le mot “rocket”.
Vous devriez bientôt partir en tournée alors ?
Ouais j’espère. Mais c’est hyper compliqué de réunir tout le monde. Lias et moi avons la tournée en Europe et aux Etats-Unis pour le nouvel album des Fat White. Et Dean tourne avec I Monster. On doit jouer pour la prochaine édition du SXSW et on a pleins de dates en Angleterre pour les mois prochains. Mais rien de prévu dans l’immédiat en France malheureusement.
Tu parlais tout à l’heure de David Bowie, ça t’énerve si je te dis que l’on reconnait quelques influences et sonorités dans l’album ? Comme on pourrait presque penser que Lou Reed a écrit et composé le morceau Lay Yer Head Down In The Road.
Non pas du tout, je comprends assez les deux rapprochements. Surtout pour le concept et la voix de Lias qui a tendance à ressembler à celle de Lou Reed. Mais selon moi, on a voulu introduire tellement de styles musicaux différents dans ce projet qu’on ne fait pas forcément de différences entre les artistes auxquels on pourrait être assimilés.
Du coup, comment tu décrirais le style, l’ambiance, l’atmosphère globale de ces nouveaux morceaux ?
Quelque chose entre la country, electronic pop, fun, psychédélique… Et puis il y a cette expression que je déteste mais qui nous correspond assez bien pourtant : “crooky”, que l’on pourrait traduire comme “bizarre mais mignon”.
C’est quoi votre rôle à Lias et toi dans ce groupe ? Qui fait quoi ?
A peu près comme avec les Fat White en fait. Lias écrit les lyrics, je m’occupe des mélodies à la guitare.
Sean Lennon décrit parfois les Fat White comme un groupe chaotique et aux personnalités extrêmes. Il a pourtant accepté de produire Song For Our Mothers et renouvelle l’opération pour ce nouveau projet. On pourrait presque croire que vous l’avez envouté. Comment s’est créé ce lien avec lui ?
(rires) Je ne sais pas trop, on est très rapidement devenus amis, après notre rencontre à une soirée du festival South by Southwest à Austin l’an dernier. Et puis on a passé beaucoup de temps chez lui à New York. On a aussi fait beaucoup de conneries ensemble, mais ça je ne suis pas censé le dire. Pleins d’idées ont surgies à force de passer du temps tous les trois, donc il était assez naturel qu’on retravaille ensemble.
La presse a beaucoup évoqué le fait que l’enregistrement de Song For Our Mothers avait été, comment dire, tumultueux ! Qu’en est-il des nouveaux morceaux pour Moonlandingz ?
Ça s’est super bien passé ! On était à Sheffield en Angleterre. La vérité, c’est qu’on est beaucoup plus calmes qu’avant tu sais, et plus particulièrement pour ce nouveau projet…
À ce propos, Lias a récemment déclaré qu’il était très heureux d’avoir ce nouveau projet dans sa vie. Que ça lui faisait réellement du bien psychologiquement. Tu ressens la même chose ?
Carrément. Ca fait vraiment du bien. Mes goûts et mon style s’associent beaucoup plus avec les rythmiques de Moonlandingz. C’est plus dansant et plus fun. Sans parler que c’est assez dur psychologiquement de jouer et composer pour les Fat White. Il y a un aspect très oppressant. On nous critique beaucoup, on cherche à nous faire la morale tout le temps. C’est assez pesant.
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