Entre blagues animalières et regard acide sur le comportement des jeunes urbains occidentaux, la nouvelle série animée de HBO, produite par les frères Duplass, est une satire contemporaine maitrisée et réussie.
Comme son nom ne l’indique pas, Animals est une série sur les Hommes. A travers des sketches de 28 minutes (chaque épisode se focalise sur un genre de bestiole : pigeons, rats, chiens, morpions, chats, oies, écureuils), la nouvelle série animée de HBO dépeint des scènes de vie quotidienne des jeunes urbains antipathiques et socialement inadaptés. Des papillons de nuit se shootent sur le toit d’un immeuble, des poissons s’engueulent à un dîner entre amis, un épagneul doit trouver sa place dans un parc à chiens dirigé par des caïds de la récré.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le décalage entre la forme et le fond rend les dialogues de cette série ultra bavarde encore plus savoureux. Les dessins sont sombres, le trait est dur, les animations mécaniques. Mais ça n’a pas d’importance : avec leurs voix précieuses et leurs expressions formatées, les personnages portent à eux seuls cette satire contemporaine amère et cynique. Il suffirait de fermer les yeux pour avoir l’impression d’être assis à la table d’un café populaire de Brooklyn, en train d’espionner les conversations égocentriques de tous les hipsters du quartier attablés à proximité.
BoJack Horseman avait déjà réussi à nous faire aimer l’humour animalier à grand renfort de jeux de mots savoureux et d’attention aux petits détails. Animals y va plus frontalement et joue sur la nature même de ses protagonistes. Ainsi le premier épisode montre-t-il une fête organisée par des rats, au cours de laquelle un de ces rongeurs adeptes de la reproduction express rencontre une femme, lui fait un enfant, assiste à la naissance de sa fille, l’élève et la voit devenir adulte et draguer, tout ça au cours de la même soirée.
« The place to be »
Entre deux saynètes, on entraperçoit des humains (des vrais), muets et antipathiques, quand ils ne sont pas carrément détestables (le maire de New York, petit chauve bedonnant, est tour à tour vu en train de tromper sa femme, snifer de la coke dans les toilettes d’un club de strip tease et conclure un accord pour détruire Central Park et le remplacer par des immeubles). Leur présence sert principalement à situer certaines scènes : on voit ainsi quelques secondes un couple qui discute à la terrasse d’un café pendant un rendez-vous Tinder, avant que la caméra ne s’abaisse et ne s’attarde sur leurs chiens, qui entament une conversation et commencent également à se draguer.
Cinq mois après que les créateurs de la série, Phil Matarese et Mike Luciano, ont présenté les deux premiers épisodes au Sundance Film Festival, HBO en a racheté les droits en mai 2015 et commandé directement deux saisons. Crédités en tant que producteurs, les frères Mark et Jay Duplass renforcent encore un peu plus leur ancrage dans le monde des séries indé (l’un avec Togetherness, l’autre dans Transparent).
Preuve que la série animée fait office de « place to be » cool du moment : les meilleurs représentants de la nouvelle génération d’acteurs de séries comiques ont accepté de poser leur voix dans un épisode. On retrouve, en vrac, Chelsea Peretti (Brooklyn Nine-Nine), Ellie Kemper (Unbreakable Kimmy Schmidt), Aziz Ansari (Master of None), Kumail Nanjiani (Silicon Valley), Lauren Lapkus (Orange is the new black), Jason Mantzoukas et Nick Kroll (The League). A rattraper au plus vite.
Marie Turcan
Animals, saison 1 de 10 épisodes, en cours sur OCS
{"type":"Banniere-Basse"}