L’Islande est en crise,mais FM Belfast est en crise de rire.
A une époque, on écrivait si souvent “Reykjavík” dans ce magazine qu’on avait programmé sur l’ordinateur le “í”. A chaque voyage en Islande, la même sensation d’être au centre bouillonnant d’une société en surchauffe, où tous nos interlocuteurs étaient à la fois designer, poète, politicien et musicien. Depuis, la crise a sadiquement laminé ce modèle économique, cette belle utopie progressiste : l’Islande, à genoux, avait d’autres soucis que de changer avec ironie et malice le cours de la pop-music. Mais c’était compter sans le militantisme de la joie propre aux pays interdits de soleil pendant des mois : une application concrète du “violently happy” de Björk.
La crise ? quelle crise ?, semble ricaner l’electro-pop utopiste de FM Belfast, qui a décidé de noyer le chagrin dans des Moog et beats de pince-fesses. A mi-chemin des Etats-Unis et de l’Angleterre, Reykjavík sert ici de terrain neutre pour des négociations de paix – cette fois entre l’electro-pop nunuche de Yazoo et le rock robotique, hilare des B-52’s. How to Make Friends?, demande le titre. En diffusant des ondes aussi bienfaitrices, répondent les synthés, souriants.
JD Beauvallet