La dance-music futuriste et droguée d’Américains formidables.
Uniquement disponibles en vinyle, et encore au compte-goutte, les jams furieuses de ce groupe d’Athens, en Géorgie, ont sans doute jusqu’ici été jugées trop dangereuses et inflammables pour la grande distribution. En attendant avec effroi mais folle excitation un véritable premier album prévu pour 2010, Passages compile quelques-uns des hauts faits de ce collectif qui a perverti le jazz-funk avec l’énergie du punk, la lubricité de la house, la tension du krautrock et la rigueur martiale du post-rock. Prost-rock, devrait-on dire pour Maserati, qui ne ralentit jamais, même dans les virages les plus anguleux, dérapant constamment mais ne quittant pourtant jamais le dance-floor, où crisse son groove muet, ahuri, démoli.
Les cymbales sonnent comme des crachats, les séquenceurs comme des idées fixes, les basses comme la vie, les Moog comme un orgasme bestial : pas étonnant que Maserati ait croisé le fer avec Tim Goldsworthy de DFA, seule équipe de production capable de rivaliser avec les Géorgiens dans ce genre défoncé, forcené, démesuré de dance-music. Ceux qui ne sautent pas encore doivent immédiatement effectuer une révision de leurs oreilles ou de leurs pieds.