Les Anglais trop méconnus de Noah and the Whale reviennent avec un deuxième album de popsongs hantées par une rupture amoureuse : sublime spleen.
En intitulant leur second album “Les Premiers Jours du printemps”, les Londoniens de Noah And The Whale ont probablement voulu brouiller les pistes : après le très lumineux Peaceful, the World Lays Me down, le groupe dévoile aujourd’hui un versant plus sombre et automnal, sans pour autant perdre la grâce. The First Days of Spring semble avoir été inspiré à son auteur principal, le chanteur Charlie Fink, par une rupture amoureuse. Chaque chanson, de My Broken Heart à Blue Skies et son couplet éloquent (“Ceci est la dernière chanson que j’écris en étant amoureux de toi”), confirme la vieille idée selon laquelle l’artiste est au mieux au fond du trou. Pour autant, Charlie Fink, véritable génie méconnu du Royaume-Uni, nie aujourd’hui toute déprime : “C’est un disque mélancolique certes, mais cathartique. Si vous suivez le fil de l’histoire jusqu’au bout, il y a un message optimiste, l’espoir revient.”
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Pour que les auditeurs suivent le fil de l’histoire, le jeune homme a eu l’excellente idée de réaliser, à partir des morceaux de l’album, un long métrage du même nom, quasi muet, mais musical de la première à la dernière seconde. “J’ai eu envie de faire un film de manière à ce que les gens prennent la peine d’écouter les morceaux dans l’ordre, et l’album dans son intégralité. Avec le téléchargement, le public ne fait plus que picorer des chansons, il se moque du concept de l’album, qui me tient à coeur. L’album a été écrit comme on écrit un scénario, il doit être écouté dans un certain ordre. Je suis parti des textes, ce sont eux qui m’ont guidé.” On les remercie d’emblée d’avoir montré au songwriter le chemin de la lumière : le film, bouleversant, a ainsi été tourné dans les vertes collines du Royaume-Uni, et il ressort de l’ensemble une beauté froide, un spleen doux qui accompagnent parfaitement les titres de l’album.
De I Have Nothing à Stranger, The First Days of Spring est à la fois humble et troublant, calme et poignant, pareil à un film de Wes Anderson, héros assumé du songwriter cinéphile. “Je crois que les films et la musique sont indissociables. J’ai lu une interview de Jamie Lee Curtis l’autre jour, elle disait qu’elle était davantage émue par une action dans un film que par la même dans la vie. Je suis assez d’accord. Le cinéma fait partie de ma vie, j’y vais environ cinq fois par semaine. J’aime cette façon que Wes Anderson a de trouver le beau dans le ridicule, et le ridicule dans le beau. Et j’aime l’idée que nos univers se ressemblent.”
On se prête ainsi très logiquement à rêver d’une éventuelle rencontre entre Charlie Fink et l’acteur et musicien Jason Schwartzman – si le second a écrit l’un des plus remarquables albums pop de 2009, le premier signe certainement aujourd’hui une de ses plus belles phrases. Le morceau, perle de l’album, s’intitule Love of an Orchestra, et dévoile les plus euphorisantes cordes entendues depuis le Tonight We Fly de Neil Hannon. Il dit ceci : “I know I’ll never be lonely/ I’ve got songs in my blood” (“Je sais que je ne serai jamais seul/Avec toutes ces chansons dans mon sang”).
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