C’est un marronnier dont on se passerait bien. Chaque année, le 8 mars, journée dédiée aux Droits des femmes, est célébrée avec force dérapages et initiatives à côté de la plaque. On en a listé onze (dans le désordre).
Au rayon des dérapages sexistes, le 8 mars rivaliserait presque avec la fête des mères, Halloween, ou Noël et ses catalogues de jouets genrés. Alors que la journée est dédiée aux « droits des femmes », nombre de mairies, associations et enseignes y voient une journée où il est de bon ton d’offrir des cadeaux aux femmes, et plutôt du type atelier bien-être ou bouquet de roses. L’année 2016 n’y coupe pas :
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1) Des cours de coaching sportif à domicile
Quel est le rapport entre la célébration des Droits des femmes et le sport à domicile ? A priori aucun. Sauf pour le réseau Personal Sport Trainer, qui proposera ses services gratuitement aux Parisiennes de +18 ans en ce 8 mars.
2) Le bracelet de Marionnaud
Et Marionnaud créa la Femme – avec un grand « F ». #bingo8marspic.twitter.com/xwrzfB5Rkv
— Johanna Luyssen (@johannaluyssen) 7 mars 2016
3) Les ateliers de « mise en beauté » de la mairie du 7e arrondissement de Paris
Rachida Dati et son équipe ont eu l’incroyable idée d’organiser des « ateliers de dégustation » et « de mise en beauté« pour le 8 mars, ici aussi baptisé « journée de la femme ». Est également proposé un « débat avec des personnalités féminines » parmi lesquelles la designer d’intérieur Sarah Lavoine, ou encore la « conseillère en image » Cristina Cordula. L’affiche est à l’image de l’événement :
4) Les recommandations tout en rose de ELLE
Le magazine féminin s’est fendu d’une liste de huit activités pour « la journée de la femme », et en lettres roses tant qu’à faire. Au programme : « chouchouter son corps » avec l’atelier organisé par la mairie du 7e (voir ci-dessus), « fleurir son sac à main » à l’aide des roses distribuées gratuitement par 450 bars et restaurants… et, surtout, profiter de la télévision, car en ce 8 mars « la télécommande nous appartient ! »
Pour le 8 mars, « Elle » conseille de glaner des conseils beauté, de faire du fitness, et de gratter des roses pic.twitter.com/517pGExNrz
— Nadia Daam (@zappette) 5 mars 2016
5) Le rouge à lèvres contre les violences faites aux femmes
Si l’objectif est très louable, la méthode l’est beaucoup moins : le collectif « Mettez du rouge » propose aux hommes de se prendre en photo avec du rouge à lèvres rouge vif pour « montrer qu’ils se sentent concernés, qu’ils sont aujourd’hui prêts à se lever contre les violences faites aux femmes« .
6) Le concours de repassage et de pole dance à Angoulême
Les 12 et 13 mars sera organisé à Angoulême un « Salon de la femme », histoire de prolonger cette fameuse « journée de la femme », avec des exposants plutôt axés mode, beauté et cuisine, ainsi qu’un concours de repassage, une démonstration de pole dance, et des go-go danseurs. L’adjointe au maire de la ville, Anne-Laure Wuillaumez-Guillemeteau, membre active de l’Association d’aide à domicile qui est à l’initiative du concours de repassage, a assuré à Sud Ouest : « Il n’y a pas que des femmes qui repasseront, des hommes vont participer. » L’une des organisatrices du Salon, Annick Andrieux, s’est, elle, défendu dans La Charente libre en arguant du fait que l’événement « n’est pas du tout féministe, surtout pas ! »
7) La journée « bien-être » de Bagneux
La mairie de Bagneux (92) profite de ce 8 mars pour proposer une « journée bien-être » gratuite et réservée aux femmes avec « brushing, lissage, épilation des jambes, massage assis, préparation de masque de beauté, atelier gourmandise » mais aussi cours de zumba, de yoga, et d’aquagym (pas de foot, ni de tennis, ni de basket, ni de handball, ni de judo ici bien entendu…). Bagneux se rattrape heureusement en organisant une conférence sur « la ville: vecteur d’inégalité homme-femme ? » avec le géographe spécialiste de la question Yves Raibaud.
8) Les « confidences du pénis » de Téva
Pour célébrer les droits des femmes, la chaîne Téva, qui s’auto-baptise « la plus féminine des chaînes M6 », mise sur le documentaire « les confidences… du pénis », et donne ainsi « la parole aux hommes pour enfin savoir ce qu’ils ont dans la tête, dans le cœur… mais aussi dans le slip ! Car confessons-le, nous trouvons que les hommes sont souvent muets ou fuyants. Ils parlent trop peu, trop mal ou trop fort mais sans jamais vraiment nous dire les choses. Alors, sont-ils vraiment des machos ? Ne pensent-ils vraiment qu’au sexe ? Sont-ils réellement incapables d’engagement ou de fidélité ? Bref, sont-ils aussi ‘clichés’ qu’on se plait parfois à le penser ? Pour répondre à toutes ces questions, et à bien d’autres, nous avons interrogé 5 ‘pénis’ assez différents. Marié, célibataire ou divorcé, jeune ou moins jeune, ils ont tous accepté de se mettre à poil et de tout nous dire ». Excellent !
9) L’opération « petit sac rose » de Auchan
Les lundi 7 et mardi 8 mars, les magasins Auchan offriront à leurs clientes 20% de réduction sur des articles provenant des rayons « parfumerie, hygiène, parapharmacie, et petit électro beauté », avec une annonce toute en rose :
Bravo @AUCHAN_France vous remplissez le bingo du #8mars avec votre opé rose bonbon! pic.twitter.com/FfkIuZesxw
— Sophie G. (@Sophie_Gourion) 7 mars 2016
10) Un an de couches gratuites
Bah oui, tant qu’à faire.
#journeedelafemme#Mignon
Inscrivez vous dés maintenant sur https://t.co/V5cIkb4aUH pour gagner un an de couches ! pic.twitter.com/vMz4Nj0R8F— Couches Gratuites (@CoucheGratuite) 7 mars 2016
11) Bigard au festival « Festi’ Femmes »
Le festival « Festi’Femmes » dédié à « l’humour au féminin » et organisé tous les 8 mars à Marseille depuis 1996 sera présenté cette année par Jean-Marie Bigard, pas vraiment réputé pour son engagement en faveur de l’égalité des sexes. Un choix très paradoxal au vu de l’objectif affiché par la programmatrice de l’événement, Eliane Zayan, sur son site : « Promouvoir les talents féminins, en mettant les artistes sur la scène, face au public et aux professionnels sans aucune compétition« . Face à la polémique, elle a rétorqué dans un communiqué que « Jean-Marie Bigard est un humaniste très respectueux de la femme, de toutes les femmes » et que « la Ville de Marseille n’est pas responsable de la programmation du festival et qu’aucun élu n’est engagé dans les choix artistiques de ce rendez-vous d’art et d’humour au féminin. » Avant de conclure par un définitif : « Quoi de mieux pour honorer cette journée de la femme ? » Journée qui, rappelons-le, est consacrée non pas à « la femme », mais « aux droits des femmes ». Notons, au passage, l’affiche du festival, qui voit Bigard affublé d’un décolleté pigeonnant.
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