A seulement 31 ans, Roxanne Varza, a été nommée directrice de la Halle Freysinnet, le nouveau projet du patron de Free, Xavier Niel. Avec une licence en littérature française, rien ne destinait la jeune Américaine à vraiment s’épanouir dans le monde des technologies, où elle s’y est constitué une place de choix. Comment est-elle arrivée à ce poste prestigieux ? Portrait.
Le nom de Roxanne Varza sera bientôt sur toutes les lèvres, et pas que sur celles des personnes travaillant dans les milieux spécialisés en nouvelles technologies. Cette Américaine de 31 ans, dynamique et enjouée, qui maîtrise le français à la perfection, a été nommée directrice de la Halle Freysinnet, immense projet du patron de Free, Xavier Niel. La Halle Freysinnet, également appelée « 1001 start-up », se veut être « le plus grand incubateur numérique au monde ».
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Touchée et ravie de pouvoir faire partie de ce projet passionnant », Roxanne Varza n’a pas été choisie par hasard. Celle qui se définie comme une « start-up loveuse », évolue avec succès, depuis plusieurs années, dans le milieu de l’innovation et des nouvelles technologies. C’est pourtant une reconversion récente pour la jeune femme, qui détient à la base une licence en littérature française.
Une Américaine amoureuse de la France
Roxanne Varza est née à Palo Alto, en Californie, en 1985. Ses parents, d’origine iranienne, quittent le pays au moment de la révolution en 1979. Ils choisissent de s’installer aux Etats-Unis, son père ayant étudié à Stanford. La jeune femme, qui a la double nationalité, voue une passion pour tout ce qui est créatif, comme l’art et la littérature et, surtout, un amour pour la France :
« L’Iran était un pays très francophile avant la révolution, je pense que cette amour pour la France me vient de ma famille. Ma mère était professeur, et avait aussi quelques livres en français. »
Elle s’oriente alors vers des études de littérature française à l’UCLA, l’université de Californie à Los Angeles. Avant l’obtention de sa licence en 2006, elle fera un an d’échange à Bordeaux en 2005. Lorsqu’on l’interroge sur la littérature française, Roxanne Varza ne peut s’empêcher de citer de grands auteurs et philosophes français qui l’ont touchée tels que Molière, Baudelaire, Voltaire, Rousseau ou encore Rabelais. Elle se souvient également avoir été impressionnée par un ouvrage plus contemporain, Mémoires de porc-épic, écrit par l’un de ses professeurs Alain Mabanckou, écrivain franco-congolais, et qui reçoit le prix Renaudot, en 2006.
Sa passion pour la France guide ensuite la jeune Américaine vers l’Agence française des investissements internationaux, rebaptisée aujourd’hui Business France, en 2007. Elle conseille, depuis San Francisco, des entreprises de la Silicon Valley pour aller s’installer dans l’Hexagone. Ce milieu, très différent des lettres, est un premier pas dans le domaine de l’entreprenariat et de l’innovation. Elle décide ensuite de tout quitter pour s’installer en France :
« Après le 11 Septembre je me sentais moins chez moi aux Etats-Unis, donc j’ai voulu partir. Comme je travaillais pour une entreprise française, je me suis dit qu’il fallait que j’aille en France pour mieux en apprendre la langue »
Reine des star-up
Roxanne Varza reprend alors ses études et passe par un double-cursus Sciences Po Paris-London School of Economics, entre 2009 et 2011. Elle décroche respectivement un master d’affaires internationales et un de politique économique internationale. Cet esprit d’initiative, et l’énergie dont elle fait preuve dans cette reconversion, ne sont pas pour étonner son amie Céline Lazorthes, créatrice du site de cagnottes en ligne Leetchi :
« Roxanne est une jeune femme hors du commun : brillante, humble, passionnante et pleine d’humour. Elle n’hésite pas à se mettre en danger pour tenter de nouveaux challenges professionnels, découvrir de nouveaux horizons. »
Pendant sa reprise d’études, Roxanne Varza crée le blog TechBaguette pour reprendre contact avec le monde entrepreneurial, qui lui manquait. Elle est alors très rapidement repérée par le pureplayer TechCrunch spécialisé dans les nouvelles technologies. Elle devient rédactrice en chef pour la version française du site entre 2010 et 2011. Mike Butcher, collaborateur régulier du pure player américain, fait partie avec Xavier Niel et Cédric Giorgi, intrapreneur chez Sigfox, des figures qui l’inspirent.
Elle continue ensuite de fréquenter le monde de l’innovation en travaillant pour quelques entreprises et start-up, puis en rejoignant en 2012, pendant trois ans, Microsoft. La jeune Américaine y développe notamment le programme Microsoft Ventures, qui soutient les entrepreneurs du numérique. Xavier Niel, qu’elle a rencontré lors de son passage à TechCrunch et qu’elle connaît maintenant depuis cinq ans, la contacte pour connaître les idées qu’elle aurait sur la Halle Freysinnet ; il lui confie les rennes de cet incubateur de start-up :
« C’est venu assez naturellement. Roxanne connait très bien le monde des start-up, c’est sa passion. Quand a germé l’idée de cet incubateur, je lui ai demandé son avis sur le projet. On a pas mal discuté et je lui ai proposé d’en prendre la direction. Sa connaissance de l’écosystème dépasse l’environnement français et c’est ce qui m’a semblé aussi intéressant pour ce projet au rayonnement international ! »
Une jeune femme qui dynamise le milieu de l’entreprenariat
Si Roxanne Varza s’est aussi bien intégrée au milieu de l’innovation et des nouvelles technologies, c’est qu’elle considère qu’il est fréquenté par des gens « optimistes, créatifs et intelligentes » et qu’observer « des innovations et des nouveautés est très passionnant ». « Je n’imagine pas travailler ailleurs », confie-t-elle. Une start-up l’intrigue particulièrement en ce moment : Agricool. Son objectif est de créer des petites cabines permettant de faire pousser des fraises en ville.
La jeune Américaine fait preuve d’originalité et d’audace dans le monde de l’entreprenariat. Elle organise par exemple depuis 2011, sur un concept venu des Etats-Unis, des « FailCon », à savoir des conférences pour permettre aux entrepreneurs de discuter de leurs échecs. Roxanne Varza a surtout participé à la création de l’association « Girls in Tech » en France et au Royaume-Uni, qui permet de mettre en lumière les femmes dans le milieu entrepreneurial :
« Le réseau « Girls in Tech » existait déjà aux Etats-Unis. A l’époque du lancement en France, je travaillais chez TechCrunch et je cherchais des profils différents car je ne tombais que que sur des hommes de 40 ans. J’ai découvert grâce à l’association qu’il y avait beaucoup de femmes dans le milieu de l’innovation, mais qu’elles n’étaient pas sur le devant de la scène. Notre objectif est de donner de la visibilité à des profils peu médiatisés. »
L’association organise des cours d’initiation au code et des conférences ouvertes aux hommes et aux femmes, mais où seules les femmes ont le droit de s’exprimer. Elle a également crée depuis cinq ans un concours, le « Ladies Pitch Night », qui récompense les start-ups les plus innovantes, et possédant au moins une femme dans leur rang. Le concours s’est progressivement ouvert à l’Europe, comme en témoigne la gagnante danoise de 2014, Gulnaz Khusainova, que Roxanne Varza cite comme modèle de réussite féminin, et qui a crée l’application EasySize.
Deux figures féminines inspirent notamment la jeune américaine pour se surpasser. Christine Lagarde, qu’elle trouve « brillante » et avec « une carrière incroyable ». Et sa grand-mère iranienne, poétesse, mais surtout avocate de formation, un poste peu commun pour les femmes en Iran. Très inspirée par l’art, elle travaille encore à 86 ans, ce qui laisse Roxanne Varza, admirative.
{"type":"Banniere-Basse"}