[L’épisode de la semaine] Chaque semaine, on vous parle d’un épisode d’une série en cours de diffusion qui nous a marqués. « Girls » en est au deuxième épisode de sa cinquième saison, qui sera aussi son avant-dernière. La série de Lena Dunham vaut-elle encore le détour?
C’est la série qu’on aime le plus détester. Agaçantes voire horripilantes, les Girls de Lena Dunham et leur tendance à s’auto-saboter font autant rire que lever les yeux au ciel. Et après quatre ans à observer leur travers et leurs choix discutables, on pourrait avoir atteint nos limites. Pour cette nouvelle saison, qui sera aussi l’avant-dernière, la maturité et les changements devaient être de mise. Hannah s’est installée avec son (trop?) gentil boyfriend Fran. Shoshanna s’est exilée au Japon pour un nouveau job. Marnie s’est mariée et Jessa… est toujours larguée, mais semble vouloir choisir la voie de la raison un peu plus souvent. C’est en tout cas ici qu’on les avait laissées, à la croisée des chemins, sur le point peut-être de « devenir adultes », ou de faire les choix qui s’imposent.
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Mais devenir adulte, est-ce vraiment changer, devenir une meilleure version de soi? Rien n’est moins sûr. De l’égocentrisme à l’extrême d’Hannah (Lena Dunham) à la diarrhée verbale de Shoshanna (Zosia Mamet), on ne change pas les habitudes dans l’ouverture de la cinquième saison de Girls, récit champêtre du mariage de la définitivement insupportable Marnie, absente du second épisode, diffusé cette semaine, intitulé The Good Man.
Etre quelqu’un de bien… ou en tout cas faire comme si
Hannah avec son père, Jessa avec Adam, Ray avec son coffee shop, ou Elijah avec son bel inconnu… Chacun essaie de prendre les bonnes décisions dans The Good Man. Hannah, professeure dans un collège, quitte subitement un cours (faut pas trop pousser la maturité quand même) pour venir en aide à son père en pleine crise d’identité sexuelle. Devoir s’occuper de ses parents, c’est ça devenir adulte?
« J’ai tapé « gay » dans la barre de recherche » pleurniche Tad Horvath (Peter Scolari) à sa fille. De passage à Manhattan pour conclure avec un homme qu’il a « trouvé » en ligne, il est bouleversé par sa rencontre, autant que par le décalage entre le désir d’assumer son homosexualité et la réalité du passage à l’acte. Face à sa fille, il semble comme projeté dans cet état adolescent de la découverte complexe et écrasante du sexe. Face à son père, qui oublie toute pudeur obligatoire devant ses enfants, Hannah n’a jamais semblée aussi désintéressée de sa personne.
Tandis qu’Elijah pourrait enfin avoir une histoire sérieuse, si l’on en croit sa rencontre avec un journaliste télé irrésistible (Corey Stoll au sommet de son pouvoir de séduction), c’est surtout l’histoire entre Adam et Jessa qui s’annonce comme l’intrigue la plus fascinante de la saison. L’univers possible de leur relation pourrait s’avérer aussi génial qu’il pourrait être absolument cauchemardesque. Cette ambiguité, couplée au fait qu’Adam Driver est toujours aussi magnétique et que Jemima Kirke n’avait pas été aussi mise en valeur dans Girls depuis bien longtemps, rend chacune de leurs scènes jouissive.
Déjà plus proches depuis la troisième saison, Jessa et Adam, modèles d’imprévisibilité un peu folle, ont tout pour être bien mieux accordés que l’ex-couple Hannah/Adam. Mais Jessa ne veut pas trahir Hannah en couchant avec Adam. Elle essaie de « bien faire ». Et n’en déroge pas… ou presque (est-ce que se masturber avec quelqu’un mais sans se toucher et en se regardant à peine compte?). Leur tandem déraisonnable est potentiellement le plus sensé et porteur de sens de la série.
Claire Pomarès
Girls, tous les lundis à 20h50 sur OCS, 24h après la diffusion US
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