[Chaque semaine, nous analysons un mème] Pablo Iglesias a embrassé le député catalan Xavier Domènech après un discours qui lui a particulièrement plu. Il n’en fallait pas plus pour que la scène se convertisse en mème.
Ce 2 mars, pendant le débat d’investiture du Congrès espagnol, les députés et plusieurs ministres ont assisté à une scène inattendue. Après avoir prononcé un discours de dix minutes (terminé en catalan), le député catalan et leader de la liste indépendantiste En Comú Podem, Xavier Domènech, a été accueilli en bas de l’hémicycle par Pablo Iglesias, le leader de Podemos, qui l’a serré dans ses bras avant de l’embrasser fraternellement sur la bouche. Et ce sous le regard médusé des ministres de l’Economie, de l’Agriculture et de la Santé.
Les deux représentants politiques, dont les partis sont alliés, ont voté contre l’investiture du socialiste Pedro Sánchez, allié aux libéraux. Celui-ci n’a d’ailleurs pas obtenu la confiance de l’assemblée représentative.
Un baiser qui entre dans l’histoire
Immédiatement, cette scène incongrue a été reprise et partagée par des internautes, qui l’ont transformée en mème. Certains l’ont comparée à l’embrassade entre Gorbatchev et Honecker, en 1989, annonçant la chute du régime totalitaire est-allemand.
Gorbachov-Honecker, 1986. Iglesias-Domenech, 2016. El beso. #InvestiduraOndaCero pic.twitter.com/oxRPJURsUR
— Juan Carlos Vélez (@jcvelez) 2 de marzo de 2016
Au niveau historique, d’autres ont spontanément pensé à la scène mythique du « baiser fraternel » entre Brejnev et Honecker (encore lui) en 1979, lors de la célébration du 30e anniversaire de la création de la RDA. Un street-artist a reproduit cette photo sur le mur de Berlin.
Hijos de Leonidas Brezhnev y Erich Honecker #SesionDeInvestidura https://t.co/fDwoXrcNRV pic.twitter.com/JJY7qaekdq
— eduardosuarez (@eduardosuarez) 2 de marzo de 2016
Des références pop
Une référence picturale s’est évidemment imposée : celle au fameux Baiser de Klimt :
El beso de Domènech a Iglesias pic.twitter.com/V2XF2Go9G2
— Victor Leonardi (@VICTORLEONARDIB) 2 de marzo de 2016
Le moment a également été immortalisé par une sérigraphie très warholienne :
The kiss (2016).
Pablo Iglesias and Xavier Domenech, Spain.
Digital print on canvas. pic.twitter.com/JAyqrlHk6e— Gora Señor (@Desebe) 2 de marzo de 2016
Plus contemporaine encore, cette référence au baiser lesbien entre Madonna et Britney Spears :
Bueno, bueno, bueno. pic.twitter.com/e6CZGjQ3HA
— Ipsl (@R_marco89) 2 de marzo de 2016
« Les baisers ne se préparent pas, ils s’improvisent »
Pablo Iglesias s’est contenté de commenter la scène ainsi :
« Les baisers ne se préparent pas, ils s’improvisent. J’ai été surpris par la tête qu’ont faite certains députés du PP [droite]; ce n’est pas grave que des gens s’embrassent sur la bouche. J’espère qu’il y aura dorénavant plus de baisers sur la bouche et moins d’insultes. La prochaine fois que je me trouve en face de De Guindos, je lui en fais deux sur les joues, je suis sûr que vous ne vous sentirez pas mal; sur la bouche je les réserve un peu ».
Le député de droite Esteban González Pons a de son côté salué ce geste d’affection sur Twitter, remerciant même ironiquement Pablo Iglesias, car il avait écrit une tribune à ce sujet la veille.
Gracias @Pablo_Iglesias_ por confirmar con un beso mi columna de ayer. Gracias por leerme y cumplir. #kissmevlcpic.twitter.com/MJUk8WaPDD
— González Pons (@gonzalezpons) 2 de marzo de 2016
Deuxième scène surréaliste
Au cours de cette séance mouvementée, une autre séquence a attiré l’attention, impliquant également Pablo Iglesias. Alors qu’il réclamait quelques secondes en plus pour finir son discours, et qu’il avait été interrompu par les invectives des députés de droite, le président du Congrès, Patxi López, l’a tutoyé, lui intimant de laisser la parole. Pablo Iglesias ne s’est pas démonté, et lui a répliqué, en le tutoyant également : « Puisqu’on se tutoie, cher Patxi, je te demande au moins quinze secondes pour terminer mon intervention! »
Momentazo Patxi López-Pablo Iglesias:
Cuando parecía un ZASCA a Iglesias, va y se convierte en un K.O. a López.https://t.co/C7Ae24RGnd
— Juan Miguel Garrido (@Juanmi_News) 2 de marzo de 2016
Le leader de Podemos, déjà populaire, est sans doute sorti de ces débats avec une aura publique renforcée.