Derrière le Superman de Vesoul qui entend redonner la gaule à la France, se cache un programme électoral bien hard.
Une information à vérifier prétend que depuis le 23 février, date de ton entrée officielle dans la campagne de la primaire à droite, les cabinets des sexologues, urologues et autres marabouts africains ont soudainement désempli. Autant celle d’Hervé Mariton avait provoqué l’effet inverse, autant avec toi, les hommes ont retrouvé leur pleine santé prostatique et les femmes les moins branchées sur le tagada ont vu leurs ardeurs décupler miraculeusement.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Déjà, ce slogan, “Le renouveau, c’est Bruno”, possède d’insolentes promesses visant à transformer ce pays en voie d’impuissance mondiale en une nation qui “a envie qu’on la prenne, ça la démange dans le bassin”, selon les mots attribués au fougueux Dominique de Villepin dont tu fus autrefois le teneur de chandelles.
Porté par la chaleur du bain sur la lagune
Lorsqu’on t’a vu à Vesoul, tombant la cravate du notable pour t’adresser à tes supporters et annoncer ton désir ardent de devenir le futur président de la République française, ce n’était plus l’énarque eunuque qui parlait, c’était à l’évidence l’auteur de ces lignes torrides, tirées de ton livre Le Ministre (Grasset, 2004) : “Je me laissais envahir par la chaleur du bain, la lumière de la lagune qui venait flotter sur les glaces de la porte, le savon de thé vert, et la main de Pauline qui me caressait doucement le sexe…”
Pauline, c’est ton épouse, mais au lendemain de ce bain de foule, c’est la France tout entière qui a envie de te caresser l’ustensile, si l’on en croit l’enthousiasme à la limite de la transe orgasmique qu’a soulevé ta virile candidature. T’es pas né en 69 pour rien, mon cochon !
Bon, Vesoul c’est pas Venise, la ville où jadis tu jouas à te prendre pour Rocco Siffredi dans ta baignoire, mais depuis Jacques Brel c’est quand même la deuxième fois qu’il s’y passe un truc vaguement érotique. “Ma décision est inébranlable”, as-tu d’ailleurs clamé devant une assistance où des mères de famille pourtant bien de droite étaient à deux doigts de te balancer leur culotte.
Un programme bien raide
“Que c’est bon de se lever le matin et de vouloir diriger le pays”, leur as-tu lancé, le R des Républicains étant visiblement pour toi celui qui distingue érection et élection. Ceux qui ont lu ton livre, publié deux jours après ce coming-out électoral, ont en revanche de quoi débander, je ne te le cache pas. Intitulée Ne vous résignez pas !, cette interpellation à la Stéphane Hessel dissimule en fait entre les lignes l’un des programmes les plus raides parmi ceux des candidats en lice à votre combat de coqs interne.
Suppression du RSA, privatisation de Pôle emploi, allocations chômage dégressives, déplumage du service public, réduction des aides sociales… En réalité, t’es plus un libéral qu’un libertin, toi qui pourtant n’a jamais été rémunéré que par l’Etat. En te dévoilant en Superman sur des affiches, le soir de ton intronisation “à l’américaine” de Vesoul, t’avais le show aux fesses mais c’est plutôt la banquise sociale et le superpouvoir de casser les acquis – déjà bien amochés par Valls et ses potes – que tu promets à l’arrivée, dans l’hypothèse fort improbable où tu parviendrais à tes fins. Bruno Le Maire pourrait alors devenir l’amer bromure, pour tous ceux qui rêvaient, à travers toi, de retrouver la gaule pour la France.
Je t’embrasse pas, je vais prendre une douche, froide.
{"type":"Banniere-Basse"}