En onze titres cinglants, Scout Niblett livre un sommet de rock écorché et tranchant. L’Anglaise est là pour tout cramer : les chiens sont lâchés, la musique est primale, et le disque viscéral comme Kurt Cobain.
Il y a deux ans, Scout Niblett, Anglaise originaire de Birmingham mais dont la musique a toujours été placée sous influence américaine, se frayait un joli succès avec This Fool Can Die Now, un des grands disques de 2008. En duo avec Bonnie Prince Billy sur quatre titres, Scout, moins sauvageonne qu’à l’accoutumée, frottait son songwriting à un certain classicisme et atteignait des sommets (la géniale Kiss, et une reprise époustouflante du River of No Return de Marilyn Monroe).
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On commencera donc par mettre le lecteur en garde : ceux qui, conquis par le précédent, se jetteraient sur ce nouvel album à la recherche de lyrisme et d’arrangements pop bien peignés seront déçus. La pochette, intrigante, malsaine, sur laquelle elle brandit un fer à souder avec un sourire en coin (on pense une nouvelle fois aux travaux de l’artiste Cindy Sherman) et le titre (The Calcination of Scout Niblett), annoncent la couleur : Scout est là pour tout cramer – le bon goût, son nom d’artiste, toute idée de retenue.
Un programme qu’elle applique à la lettre, flirtant sans cesse avec l’inconfort, l’arythmie, le déséquilibre, la laideur – et en prenant un pied manifeste. Car il faut l’entendre enclencher la distorsion, grasse, lourde, au beau milieu d’une folksong habitée (l’impressionnante I.B.D., un des meilleurs titres du disque) et lâcher les chiens. Ou encore balancer des riffs lourds, anguleux, et taper sur sa batterie primale comme si on était à Seattle, au début des années 1990, en pleine rage nirvanesque (les jouissives et explosives Cherry Cheek Bomb et Strip Me Pluto).
On pense d’ailleurs souvent à Kurt Cobain au cours de cet album de rock écorché, parfois aride, toujours incandescent. “It’s better to burn out than fade away” (“Mieux vaut brûler franchement que se consumer à petit feu”), avait écrit Cobain avant de se donner la mort, reprenant les mots de Neil Young. Une leçon que Scout a retenu à la perfection.
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