En se dé-voilant, l’actrice abat les murs entre espace privé et public. La jeune femme qui vous regarde ci-dessus, l’air mélancolique, n’est autre que l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, entièrement nue sur la couverture du magazine de mode Egoïste. Si ce cliché signé Paolo Roversi date d’il y a plus de deux ans, sa publication récente fait l’effet […]
En se dé-voilant, l’actrice abat les murs entre espace privé et public.
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La jeune femme qui vous regarde ci-dessus, l’air mélancolique, n’est autre que l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, entièrement nue sur la couverture du magazine de mode Egoïste. Si ce cliché signé Paolo Roversi date d’il y a plus de deux ans, sa publication récente fait l’effet d’une bombe dans son pays. Il fallait s’y attendre.
Ce n’est pas la première fois que le corps de Golshifteh fâche et que la jeune femme chamboule l’histoire. Avec son rôle dans Mensonges d’Etat de Ridley Scott, en 2008, elle devient la première actrice iranienne à jouer dans une production américaine depuis la révolution islamiste de 1979. De plus, elle ne porte pas toujours le voile dans le film et, lors de l’avant-première, se montre les bras dénudés au côté de Leonardo DiCaprio. Le gouvernement iranien fera tout pour la contraindre à l’exil.
En 2012, dans la vidéo Corps et âmes où elle figure en compagnie d’acteurs et actrices présélectionnés pour les César, elle découvre un sein. Sur Facebook, elle appuie l’aspect féministe de sa démarche en postant une photo d’elle torse nu accompagné d’un lien vers un texte sur la situation des femmes en Iran.
http://www.youtube.com/watch?v=4fBN0QSyjzw
Aujourd’hui, ce shoot pour Egoïste est suivi d’une interview où elle explique que la France l’a “libérée” : “Paris est le seul endroit de la planète où les femmes ne se sentent pas coupables. En Orient, tu l’es tout le temps. Dès l’instant où tu ressens tes premières pulsions sexuelles.” Là, son corps occupe une sphère double, à mi-chemin entre dévêtissement glamour (témoin de son succès médiatique et quasi-rituel hollywoodien) et nudité revendicatrice – deux attitudes interdites aux femmes iraniennes. “La particularité de ce pays est que les femmes sont admises dans l’espace public et professionnel moyennant le port du voile. Là, l’actrice rompt un contrat avec l’Etat et vient briser la frontière entre privé et public”, analyse la sociologue Carol Mann, spécialiste des problématiques de genre au Moyen-Orient.
La comédienne révèle ainsi une ambiguïté centrale de son pays, où le corps drapé de noir est le plus public de tous : dépossédé de son identité propre, il est cédé à la communauté (familiale, nationale) dont il incarne l’honneur. En se déshabillant, Golshifteh récupère son intimité et abat un mur entre intérieur et extérieur, homme et femme, Orient et Occident. Alice Pfeiffer
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