Empêtrée dans un scandale de discriminations, la marque américaine Abercrombie & Fitch a décidé de laisser tomber le recrutement de ses vendeurs sur leur physique et de ne plus les obliger à travailler torse nu. Les magasins Abercrombie & Fitch sont en phase de normalisation, et c’est tant mieux. Fini les vendeurs bien gaulés bossant […]
Empêtrée dans un scandale de discriminations, la marque américaine Abercrombie & Fitch a décidé de laisser tomber le recrutement de ses vendeurs sur leur physique et de ne plus les obliger à travailler torse nu.
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Les magasins Abercrombie & Fitch sont en phase de normalisation, et c’est tant mieux. Fini les vendeurs bien gaulés bossant torse nu dans une ambiance de club, les tympans pétés par la musique poussée à son max : la marque américaine change d’ADN. La lumière sera plus vive, la musique moins forte, et, surtout, les vendeurs ne seront plus considérés comme des “mannequins” mais comme des “représentants de la marque”, et n’auront plus à bosser à demi nus ni à répondre à des critères physiques/esthétiques drastiques, rapporte le site Bloomberg. Ce changement est la conséquence directe de la chute des ventes des produits A&F, et du débarquement de l’ancien patron de la marque, Mike Jeffries, qui avait imposé une bardée de diktats esthétiques à ses employés, déclenchant de nombreux scandales.
Ainsi, en 2010, le Corriere della Serra se procurait des mails envoyés par la direction milanaise à ses employés. On y apprenait, stupéfait, qu’une erreur en magasin, aussi bénigne qu’un mauvais pliage de t-shirt, serait désormais sanctionnée par « une série de dix pompes », avec pour objectif d’encourager les vendeurs à « apprendre de [leurs] erreurs« . A l’automne 2013, c’est le site américain Buzzfeed qui publiait un règlement intérieur esthétique distribué par la direction à ses employés. Parmi les consignes très strictes, figuraient l’interdiction du port de la barbe, de piercings, ou de vernis à ongles colorés, et l’obligation d’arborer des coupes de cheveux « nettes, propres, naturelles, entretenues et classiques » qui devaient »refléter [la] beauté naturelle » de l’employé.
Un délire esthétique que Mike Jeffries justifiait au site salon en 2006 en expliquant : « Nous embauchons des gens qui présentent bien. Parce que des gens qui présentent bien attirent l’attention des personnes qui présentent bien, et nous visons les gens qui présentent bien et rien d’autre. (…) Dans chaque école il y a des enfants cool et populaires et d’autres qui ne sont pas si cool que ça. Franchement, nous nous adressons aux enfants cool qui ont une attitude super et qui ont plein d’amis. Plein de gens ne rentrent pas dans ce cadre et ne pourront pas y rentrer. Sommes-nous exclusifs ? Complètement.”
Rien d’étonnant, dès lors, à ce que le même Mike Jeffries prenne la décision en 2013 d’arrêter de commercialiser des vêtements pour femmes en tailles XL et XXL, comme le révélait alors le site Business Insider, en se fondant sur des informations du journaliste Robin Lewis, selon qui Jeffries « ne souhaitait plus voir de gros dans ses magasins, mais juste des gens beaux et minces« . Ambiance.
En France, le Défenseur des droits Dominique Baudis s’était autosaisi en juillet 2013 afin d’enquêter sur « les conditions et le processus de recrutement au sein de la société Abercrombie & Fitch”. Il faut dire que la liste des critères physiques à remplir pour travailler dans un des magasins de la marque était longue. La profession exercée ne s’appelait d’ailleurs pas “vendeur” mais “mannequin”. Or, Dominique Baudis notait que “si des exigences professionnelles essentielles et déterminantes pourraient légitimer la prise en compte de l’apparence physique dans le cadre de recrutement de mannequins, il en est autrement pour des postes de vendeurs”.
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