En France, on a au moins deux chanteurs très attachés à leur région et qui composent des disques de folk en français : c’est Jean-Louis Murat et Florent Marchet. Florent Marchet vient de publier son deuxième album, le cinématographique Rio Baril, et en profite pour présenter sur lesinrocks.com le premier clip qui en est extrait.
Ça commence avec Le Belvédère, concise ouverture instrumentale, comme sur une chevauchée sauvage, avec des sifflets à la Morricone qui savent si bien imiter le bruit du vent et redonner au mot « air », en plus de son sens mélodique, son sens propre. « Bienvenue à Rio Baril » ? à défaut de Rio, Brésil ?, la bourgade de province archétypale mais fantasmée par Florent Marchet.
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Déjà Gargilesse, son premier album, revisitait le beau village natal de Marchet (Gargilesse en Berry), ville de naissance de George Sand en 1804, comme ne manque pas de vous le rappeler l’office de tourisme du coin. Dans ce deuxième album, l’action est déplacée dans un village imaginaire ou plutôt transfiguré – derrière Rio Baril se cache Riault, petit village proche de celui de Marchet -, mais on est toujours pris dans le microclimat d’une ville-décor nettement délimitée.
Florent Marchet a le sens de la miniature : Il a dû construire beaucoup de maquettes et faire du modélisme ferroviaire quand il était petit garçon. Pourtant Marchet a vu pour cet album les choses en grand ? « à l’américaine » aurait dit Benoît Poelvoorde dans Les Convoyeurs Attendent. Il en a lui-même écrit les beaux arrangements de cordes et de cuivres joués par une fanfare ou l’orchestre philharmonique de Sofia, et il est parti mixer le disque en juin 2006 à Hollywood avec Ryan Boesh, le réalisateur des trois derniers albums de Eels.
Que ce soit au niveau du parti pris instrumental western folk (ukulélé, banjo, piano-jouet ), ou de l’univers textuel et de la malice, Rio Baril a quelque chose des récentes compositions de Mathias Malzieu, meneur de Dionysos, mais il reste beaucoup plus proche de l’univers et de la diction d’un Pierre Bondu. Marchet se situe plus précisément entre la chanson réaliste de Vincent Delerm et la chanson rock de Dionysos, sous influence cinéma et BD. Ainsi, Rio Baril est un îlot musical où accostent les voix de Katerine, (assez conforme à l’idée qu’on se fait de lui dans le name dropping d’effets secondaires : « insomnie / agitation / hépatite (?) / embarras au contact des organes génitaux des animaux domestiques allant jusqu’à l’impuissance / goût prononcé pour la variété française » sur Les Cachets) Dominique A et Jasmine Vegas.
Le jeune écrivain Arnaud Cathrine s’est associé à plusieurs titres de l’album en signant ou en cosignant les textes. Marchet et Cathrine se sont rencontrés au festival de rencontres littéraires et artistiques les Correspondances de Manosque. C’est aussi à Manosque, en haute Provence, qu’avait germé dans la tête de Dominique A l’idée d’un livre de nouvelles parallèles à la sortie de son disque Tout Sera Comme Avant (2004), nouvelles écrites par des écrivains français de son choix, dont Arnaud Cathrine. De la collaboration avec cet autre Cathrine, Marchet a tiré, comme pour un roman, un disque d’apprentissage sur l’habitant d’un Rio Baril à la fois complètement anodin et enchanté.
Découvrez ici même le clip du titre Rio Baril. Ce Rio ressemble à une relecture de pub de lessive ou à la fête au village sinistre et jouissive de Katerine dans son clip Louxor J’adore ou son film Peau de Cochon. Les vieux y jouent à la marelle, les curés pataugent dans des flaques de boue et les grands garçons y sont condamnés à faire des matchs de foot à perpétuité. Pour compléter le clip, lesinrocks.com vous propose d’écouter le titre Sous les draps
Avec l’aimable autorisation de Barclay
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